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Regard sur la marche Black Lives Matter du 7 juin à Montréal

Écrit par

Emma Dora Silverstone-Segal
juin 12th, 2020

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Des milliers de personnes se sont réunies aujourd’hui dans le centre-ville de Montréal pour le deuxième dimanche de manifestations pour réclamer la fin du racisme systémique et des violences policières. Des manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs autres villes de la province, notamment Québec et Sherbrooke.

Des policiers au visage sévère et les mains sur les hanches regardaient de loin pendant que les manifestants, la plupart portant des couvre-visages, ont commencé à se rassembler à 10 h à la Place Émilie-Gamelin, devant la station de métro Berri-UQAM. Ce rassemblement au nom de Black Lives Matter a pris de l’ampleur après celui tenu la semaine dernière à Montréal en solidarité avec les manifestations qui ont lieu depuis deux semaines dans de petites et grandes villes de presque tous les États américains suite à la médiatisation d’un nombre d’Afro-Américains tués par la police et par des « citoyens concernés ». Des mouvements de solidarité similaires ont été observés à travers l’Europe et dans d’autres parties du monde.

Devenue maintenant le slogan du mouvement, l’expression Black Lives Matter a été inventée en 2013 dans une publication Facebook par Alicia Garza, militante des droits civiques californienne, après que George Zimmerman eut été acquitté du meurtre de Trayvon Martin, âgé alors seulement de 17 ans.

Rashad Robinson, président de l’organisation de défense des droits civiques Color of Change, considère que c’est la cruauté flagrante, l’indifférence affichée sur le visage de Derek Chauvin dans la vidéo montrant la mort de George Floyd, qui a porté le pays, et le monde, à son point d’ébullition. « L’officier de police fixe la caméra pendant qu’il lui enlève la vie », a décrit M. Robinson.

George Floyd est un homme afro-américain qui a été tué à Minneapolis il y a deux semaines lorsqu’un policier de race blanche a exercé une pression du genou sur son cou. La force excessive a depuis été prouvée comme étant la cause du décès. Depuis, l’officier Chauvin a été accusé de meurtre au second degré et les trois autres officiers de police sur place au moment du décès de M. Floyd ont été accusés de complicité de meurtre au second degré.

Depuis plus de trois mois, les Américains vivent avec un sentiment sous-jacent de peur et de vulnérabilité causé par la pandémie, une émotion à laquelle de nombreux Afro-Américains sont régulièrement confrontés. Le contraste entre les quelques privilégiés de la société et les moins fortunés a été mis en évidence. Bien que certains aient pu fuir les villes vers des résidences secondaires, des millions d’Américains se sont retrouvés au chômage et ont dû faire la queue dans les banques alimentaires. L’empathie ressentie pour les travailleurs essentiels — une catégorie dans laquelle les personnes noires sont surreprésentées — s’est accrue. Des données ont permis de constater que les communautés noires et hispaniques étaient ravagées de manière disproportionnée par le virus.

La discrimination systémique par la police est aussi un problème au Canada.

Suite à la manifestation du 31 mai, le premier ministre du Québec François Legault a souligné que le racisme systémique n’existait pas au Québec ou dans l’un de ses systèmes. Monsieur le Premier Ministre a été pointé du doigt par de nombreux intervenants qui ont donné le coup d’envoi à la manifestation pacifique d’aujourd’hui. On compte parmi les autres intervenants présents lors de cette manifestation la cheffe du PLQ Dominique Anglade et la ministre fédérale Mélanie Joly.

En octobre dernier, la chaîne Radio-Canada a révélé qu’un rapport indépendant mandaté par la Ville de Montréal à l’automne 2019 a constaté que les personnes autochtones et noires ont entre quatre et cinq fois plus de chances d’être interpellées et invitées à s’identifier par la police, par rapport aux personnes blanches. Le Service de police de la Ville de Montréal a déclaré qu’il annoncera le mois prochain des changements à sa politique de contrôle des rues apportés sur la base des récentes conclusions du rapport.

À partir de 11 h, la manifestation commença à se déplacer sur la rue Sainte-Catherine pour ensuite remonter le boulevard Saint-Laurent. Aucune violence n’a eu lieu et la manifestation s’est terminée vers 15 h, mais la présence visible des policiers à vélo contrôlant la foule, les yeux vigilants des tireurs d’élite et les hélicoptères survolant la manifestation ont crée un contraste frappant avec les cris de justice des manifestants.

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