Collective Culture: Contribution finale
Photo: Nicolas André
Cet essai fait partie de la rubrique mensuelle Culture collective.
Écrit par : Jazmin Batey
Au cours des cinq dernières années, Never Apart a fourni à l’équipe de Collective Culture un espace sûr qui a permis à nos voix de s’épanouir. Par le biais d’événements, de balados et de publications mensuelles, le Centre a contribué à la croissance et à l’évolution de l’équipe. Ce partenariat a été un rappel constant au fait que ma voix compte et que les expériences des personnes qui me ressemblent sont dignes d’être célébrées. J’ai appris le pouvoir de la solidarité et le sens du soutien authentique. J’ai grandi en tant que créatrice et leader grâce à notre collaboration avec Never Apart et je suis très fière que nous fassions partie de nos histoires respectives. Merci de nous avoir donné votre appui et d’avoir cru en nous dès le premier jour. Je suis extrêmement reconnaissante à Dax, Michael, Jordan et à toute l’équipe de Never Apart. Quelle incroyable sensation de voir tout le chemin parcouru et je suis impatiente de voir ce que l’avenir nous réserve.
Pour notre dernier article dans le magazine Never Apart, nous avons demandé aux membres de notre équipe de rédaction de nous dire ce que ce partenariat leur a apporté. Voici leurs réponses :
Nicolas André :
Cette collaboration avec Never Apart est arrivée à un moment où la tranquillité de nos foyers ne pouvait pas refléter le chaos de nos écrans. À bien des égards, la pandémie nous a privé·e·s de la possibilité de partager la réalité telle qu’elle se manifestait silencieusement en nous, qui était pour ma part de ne pas me voir représenté par qui que ce soit. En tant qu’écrivain, il m’a fallu rapidement laisser sortir ce qui bouillonnait dans mon isolement depuis de nombreux mois, sans crainte du jugement. C’est, je crois, quelque chose qui est partagé par beaucoup. En repensant au texte Yours to Share d’Iman M’Fah-Traoré, on comprend que ce moment de la vie n’a pas à être gardé pour soi, mais devrait plutôt être partagé; « Le concept de la fierté tel qu’il est ancré dans l’histoire découle du choix de la volonté de choisir le combat plutôt que la fuite. »
Mais pour réaliser pleinement ce qui est enfoui dans un·e écrivain·e ou artiste, il faut un espace, virtuel en l’occurrence, capable d’offrir une patience quasi infinie, ou même de favoriser les élans créatifs qui sommeillent en soi. Pour quelqu’un qui doit faire preuve d’une telle aptitude, j’ai souvent dû regarder en arrière, vers d’interminables demandes de prolongation de délai et des présentations peaufinées, et dû être reconnaissant envers les personnes qui m’ont donné le temps de me développer et de trouver un sens.
Le fait d’être entouré d’un nombre modeste de collègues artistes a été une réaffirmation au-delà de ma capacité à déchiffrer comment cela me touche — sans doute quelque part entre l’honneur et l’intimidation. Comme une grande partie de mon travail avec Never Apart a porté sur la communauté, en particulier au sein de la diaspora haïtienne de Montréal, je constate souvent à quel point ces espaces peuvent prendre une dimension tangible. Mais encore, cela m’a obligé à repenser ce qui constitue des espaces tangibles, car ce qui est concret ou réel n’est pas toujours physique. La contribution de Never Apart à de nombreuses communautés sous-représentées est certainement aussi « réelle » qu’on puisse l’espérer.
Pour ma part, la conscience culturelle et spirituelle de Never Apart est le signe qu’il existe encore des histoires inédites à raconter. À bien des égards, Never Apart m’a donné l’envie d’avoir un jour la capacité d’offrir ce que cette organisation a su offrir à d’innombrables personnes.
Jazmin Batey :
Ce partenariat, et par extension, l’opportunité que j’ai eue au cours de ces derniers mois en tant qu’éditrice, m’a apporté des connexions créatives. J’ai accepté mon propre rôle au sein de Collective Culture environ un mois avant la pandémie. Dans ce moment de grands bouleversements, j’ai trouvé incroyablement significatif que l’écriture, le partage et la collaboration se poursuivent sans interruption. Pour la première fois, je rencontrais des écrivains exclusivement en ligne, dans d’autres villes, provinces et même pays. J’ai été émue, surprise et reconnaissante de faire partie de contributions toujours aussi variées.
Sur le plan personnel, NVA sera toujours le lieu de ma première publication écrite. Il me rappellera toujours qu’il y avait et qu’il y aura toujours une place pour moi dans la sphère créative.
Dans chaque numéro mensuel, tant de phrases m’ont séduite. Chaque auteur·trice a réussi à capturer, de façon si belle, son point de vue. I Think I Broke My Brain par Mouna Traoré est un article qui restera dans ma mémoire. Avec sa vulnérabilité brute, sa sagesse et finalement son espoir, elle partage le genre d’histoire que nous gardons souvent pour nous. Le fait d’admettre avoir du mal à naviguer une culture et un secteur caractérisés par la culture de la productivité toxique n’est pas quelque chose que je vois assez souvent. J’ai été et je reste inspirée par ses mots et j’ai intentionnellement mis en place des pratiques pour donner la priorité à la joie dans ma propre routine.
Bobbi Adair :
Au milieu du chaos, j’ai toujours trouvé du réconfort dans l’écriture. Grâce au partenariat de Collective Culture avec NVA, j’ai découvert que les sentiments de sécurité, de solidarité et de réconfort proviennent également d’espaces qui permettent d’accueillir et de partager toutes les facettes de la peur, de la foi et de l’exploration intellectuelle. Avant l’instauration de ce partenariat, je ne me considérais pas comme une autrice. J’avais l’impression que mes mots existaient dans un vase clos… comme des moments cathartiques, ils allaient et venaient. Mais l’espace que NVA m’a offert, ainsi qu’à d’autres auteur·trice·s inavoué·e·s m’a rappelé que le confort que je trouve dans l’écriture est d’autant plus réconfortant lorsqu’il est partagé avec d’autres. Entendre que mes réflexions les plus intimes ont suscité des pensées chez les autres et ont pris une vie propre est un exemple de connexion humaine qui m’a permis de surmonter chaque moment du syndrome de l’imposteur et du manque d’inspiration. Les conversations qui ont suivi, après avoir lu ou édité les textes des autres contributeur·trice·s, n’ont fait qu’accroître mon appréciation des propos que nous avons partagés dans l’espace fourni par NVA et dans des espaces personnels virtuels.
Au-delà de ce que j’ai appris sur moi-même au cours de ce processus, j’ai également découvert la force, la créativité et la beauté des créatif·ve·s. En tant qu’artistes, permettre aux autres de faire partie de notre processus créatif est intimidant, mais les collaborations dont j’ai fait part au sein de Collective Culture pour NVA ont été des moments inspirants de compréhension, de réflexion et de croissance mutuelles. Faute de pouvoir choisir mon éditorial préféré à ce jour, j’aimerais simplement remercier les artistes avec lesquel·le·s j’ai eu le plaisir de collaborer. Merci de m’avoir donné accès à votre monde et d’avoir partagé votre processus avec moi et avec le public de NVA. Enfin, merci à NVA. L’espace que vous avez créé restera un véritable sanctuaire pour nous tous et toutes.
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