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Conversations avec nos relations : Dolly Berlin

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Aani! Dolly Berlin ndizhinikaas.

(Bonjour! Je mappelle Dolly Berlin)

Je suis une showgirl burlesque et productrice d’événements basée à Tkaronto en pause à cause de la pandémie et fière femme queer/Bi+ dorigine ojibwée. Depuis le début de l’année 2021, je collabore avec Never Apart afin de vous présenter une chronique mettant en lumière quelques-unes des personnes autochtones bispirituelles et queer qui se distinguent dans le monde des arts. Je profite de ce numéro pour me présenter davantage. Avant la pandémie, il n’y avait rien que j’aimais plus que d’être intime avec une foule et j’ai pensé qu’il était temps de faire la même chose avec le public de Never Apart. À l’approche de ce qui pourrait être la fin des confinements, alors que des campagnes de vaccination sont entreprises dans tout le pays, j’ai beaucoup réfléchi sur ce que l’avenir nous réserve. Et vous?

Je fais du burlesque depuis le début de l’année 2009, une époque qui semble être à des années-lumière de l’état actuel du secteur. Le burlesque a grandi en tant que forme d’art tant au niveau mondial qu’au niveau local. Est-il parfois frivole et dépourvu de sérieux? Bien sûr. Mais beaucoup d’itérations du burlesque offrent plus qu’un simple spectacle affriolant. Et si le mouvement queer a toujours été un important vecteur du renouveau du burlesque, les cinq dernières années ont vu un élargissement certain de la célébration du spectre des genres.

Les artistes PANDC queer et trans qui en ont assez du statu quo créent le type d’espaces qu’ils veulent voir dans le monde, et comme le drag, le burlesque est une forme d’art qui continuera à se développer et à se bonifier.

Dans ma région, la troupe Les Femmes Fatales existe depuis une dizaine d’années et est dirigée par Dainty Smith, une « femme d’église qui a mal tourné ». Dainty et moi nous nous sommes rencontrées sur Facebook lorsqu’elle m’a invitée à me produire avec Les Femmes Fatales en 2013, et je continue à me produire avec la troupe depuis. Conteuse et dramaturge, Dainty approche la commissarisation d’art de cabaret de manière unique. D’abord focalisée sur les femmes noires, la troupe comprend 16 membres d’origines diverses. Les productions sont réalisées en séries sous une construction narrative globale, puis les spectacles individuels abordent des thèmes plus précis.

La plupart des pièces les plus sensuelles et émotionnelles que j’ai créées l’ont été pour les spectacles des Femmes Fatales. Je m’exprime sur scène de différentes manières. Parfois, je choisis de faire le clown. Je m’inspire souvent de l’énergie des anciens bump n’ grind ou des concours de bikini des années 80. Mais jouir d’un moment individuel dans le cadre d’une construction narrative globale m’a toujours motivée. Au fil des ans, j’ai vu des numéros vraiment époustouflants lors des spectacles des Femmes Fatales –  ils font partie de mes événements préférés. L’expérience de Dainty dans le milieu ecclésial fait d’elle une animatrice exceptionnelle, prêchant sur la magie féminine et le pouvoir du rouge à lèvres rouge. 

Dans l’ensemble, le burlesque, le drag et les autres spectacles de cabaret autochtones ont connu une croissance et un essor constants et c’est magnifique à voir. Lou Lou Duchesse de Riere est un grand nom du milieu, la troupe Virago Nation fait grimper la température sur la côte ouest et Tygr Willy et Midnight Wolverine, deux artistes bispirituels que j’adore, envoûtent le public depuis leurs débuts il y a quelques années. J’ai récemment eu l’occasion de travailler avec eux sur des projets et j’ai pu enfin retrouver l’énergie que je ressentais en interagissant régulièrement avec d’autres artistes.

J’ai été impliquée dans la production d’événements à différentes échelles au fil des ans, mais je me concentre sur la production des Sinful Sundays hebdomadaires depuis quelques années. Chaque soirée met en vedette une petite équipe tournante au sein du chic lounge Cherry Cola. Mon dernier passage sur cette scène s’est fait devant un public plus restreint que d’habitude, bravant l’étrange ambiance qui précédait le premier confinement. J’espère que ce ne sera pas mon dernier spectacle; on prévoit qu’il faudra encore un certain temps avant de pouvoir à nouveau rassembler des foules en toute sécurité. Je ne veux pas me faire de faux espoirs. Mais la marmite d’eau qui mijote sur le feu semble commencer à bouillonner. Les États-Unis et d’autres pays ont vu la réouverture de petits théâtres et de salles de spectacles et je sais que de nombreux collègues ont envisagé le retour incertain à la vie en dehors de nos salons.

À défaut de pouvoir me produire sur une scène, j’ai pris conscience que, par le passé, j’ai à tort accordé une trop grande valeur à mon personnage d’artiste du nightlife. Sacré égo! Ces vacances forcées m’ont permis de me distancer de cela et m’ont donné l’énergie pour nourrir d’autres domaines de ma vie que j’avais négligés. Depuis que je suis retournée à l’école à l’automne, j’ai spécifiquement évité de parler de ma pratique artistique avec mes pairs, comme si je m’entraînais à ne pas en faire le centre de mon être. J’ai hâte de reprendre mes marques, mais je vais également m’efforcer de maintenir un meilleur équilibre de vie à l’avenir.

Lorsque l’occasion de présenter des œuvres numériques s’est présentée, l’équilibre et la planification ont été un véritable défi. La création d’art numérique peut être un travail d’amour intense, parce que c’est presque comme si on partait de zéro. La scène est l’endroit où nous pouvons être les versions les plus ardentes de nous-mêmes, ce qui est parfois la dernière chose que je ressens lorsque je me déplace en talons dans un appartement au sous-sol, en remaniant le cadrage de l’appareil photo de mon cellulaire et une lumière circulaire. Aujourd’hui, nous ne sommes pas seulement des designers, des chorégraphes, des maquilleur·se·s, des danseur·se·s et des responsables des médias sociaux, mais aussi des éclairagistes, des vidéastes et des monteur·se·s. Mon partenaire a complètement mis de côté son personnage de scène pour l’instant, ressentant un manque de motivation en raison de l’absence d’échange d’énergie tangible que procurent les spectacles en direct. D’un autre côté, et sans vouloir paraître trop désinvolte, j’ai vu de nombreux artistes proposer des concepts absolument brillants qui seraient impossibles à réaliser, même dans les salles de spectacle les plus sophistiquées. Les spectacles numériques présentent également l’avantage de ne pas avoir à se heurter aux innombrables obstacles à la mobilité de la ville où je vis, et bonus énorme, celui de pouvoir se connecter avec des visages du monde entier.

Parmi mes événements en ligne préférés issus de l’art de la performance dans l’ère pandémique, je tiens à mentionner les tribunes mensuelles #ClownsKillEmpires qui mettent en scène des acteurs et des actrices de toute l’Amérique du Nord, ainsi que le spectacle de variétés Indigiqueer et bispirituel intitulé Thirst Nation, mis sur pied par Tygr Willy et Weird Alice. Dainty vient également de terminer Push.Pull, une collaboration avec l’artiste multidisciplinaire Golboo Amani. Conçu avant la pandémie comme un événement théâtral, le projet virtuel s’est étendu sur 6 mois avec un mélange de vitrines et de panels offrant une gamme variée de pratiques contemporaines reflétant la portée et la profondeur théâtrales, politiques et émotionnelles de l’art de cabaret. Le projet défend l’idée qu’il ne s’agit pas simplement d’un art mineur. Malgré mon slogan High Femme, Low Brow (femme chic, art grossier), je suis d’accord avec cette notion.

Tout au long de la pandémie, j’ai également été immensément reconnaissante envers les incroyables enseignant·e·s, écrivain·e·s, conférencier·ère·s, défenseur·se·s des terres, militant·e·s et artisan·e·s qui ont partagé leurs talents et créé des espaces de rassemblement. J’ai récemment appris à fabriquer des boucles d’oreilles en perles par l’intermédiaire d’un groupe communautaire et, il y a quelque temps, j’ai assisté à des événements utiles et stimulants sur le bien-être mental organisés par l’organisme 2-Spirited People of the 1 st Nations. Lors de l’un de ces événements, une personne a cité l’aîné de mon enfance, décédé il y a des années, et je me suis sentie très chanceuse de m’être jointe par hasard à cette rencontre ce jour-là. J’avais pensé à lui et c’était touchant et tellement inattendu d’entendre son nom et ses paroles prononcés à voix haute. Un autre groupe que je dois vraiment féliciter est celui de Assembly of Seven Generations, qui organise fréquemment des webinaires, offre un soutien culturel et fait un travail extraordinaire avec les jeunes de la région d’Ottawa.

À l’approche des célébrations de la Fierté, j’ai hâte de m’imprégner de tout plein de bonnes choses queer et politisées. La Pinkwashed Pride™ (la commercialisation de la Fierté) mérite d’être critiquée, mais il existe néanmoins une pléthore d’inspiration, de joie et d’apprentissage locaux à découvrir. Vivez vos fantasmes les plus féroces, audacieux, stupides et sensuels (en toute sécurité!). Répandez la gentillesse. Écoutez et encouragez-vous mutuellement. Pour terminer, j’ai une courte liste d’artistes prêts à injecter une fabuleuse dose de queerness autochtone à vos médias sociaux! Quelques endroits où je serai présente au cours du prochain mois sont également énumérés ci-dessous. Vous venez me rejoindre?

Mettez du glamour dans votre médias sociaux :

Adrienne Huard – “Two-Spirit/Indigiqueer Anishinaabe curator, art critic, scholar and performer.”

Beau Ryder – “Tender and rough, working to fuck some shit up and ground some feelings.”

Betsy Swoon – “The love goddess that leaves them wanting more.”

Chelazon Leroux – “Indigenous and Thriving.”

Jennifer Dafuque – “Halifax Drag persona.”

Midnight/Mx Wolverine – “Tkaronto’s midnight tease, trickster and shapeshifter.

Mother Girth & Rez Daddy – “The two-spirit tease.”

Raven Wgnz – “Abolitionist, Storyteller, African Mohawk 2SPIRIT Trans Woman.”

Sita Moon – “Tkarón:to’s fat, sexy, stripping Anishinaababe vampire brat.”

Tygr Willy – “Them Fatale.”

The Bannock Babes – “A collective of #indigidrag mostly out of Treaty One Territory.”

Weird Alice – “Video host, drag queen, beadwork artist and weird trash bag.”

Virago Nation – “Canada’s all Indigenous burlesque performance troupe, rematriating Indigenous sexuality.”

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