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Conversations avec nos relations: Plein feux sur les artistes autochtones queer bispirituels incontournables Shane Sable

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(Photo du Shane Sable: Brittney Appleby)

Aani! Dolly Berlin ndizhinikaas.

(Bonjour! Je m’appelle Dolly Berlin)

Je suis une showgirl burlesque et productrice d’événements basée à Tkaronto (Toronto), mais en pause à cause de la pandémie. En tant que fière femme queer/Bi+ d’origine ojibwée, je suis très heureuse et honorée de collaborer avec Never Apart pour vous présenter cette chronique mettant en lumière quelques-unes des personnes autochtones bispirituelles et queer qui se distinguent dans le monde des arts.

Ce mois-ci, je discute avec Shane Sable, de la nation Virago de Vancouver. La mission de la troupe burlesque entièrement composée de membres autochtones est de « se réapproprier la sexualité autochtone des effets toxiques de la colonisation ». C’est vraiment merveilleux de voir le succès de cette troupe et de pouvoir collaborer à l’occasion sur diverses scènes du pays.

Depuis quelque temps déjà, je suis sur la liste de diffusion d’un centre d’art géré par Shane à travers la galerie SUM en association avec le Queer Arts Festival, et j’ai finalement pu assister à une récente réunion.  L’énergie était chaleureuse et invitante, ce qui est parfois difficile à réaliser dans cette nouvelle ère d’interaction numérique. Shane a une tonne de perspectives sur la création et la communauté, alors commençons l’entrevue.

Bonjour Shane! Parlez-nous un peu de vous.

Je m’appelle Shane Sable, je suis artiste et militant.e Gitxsan bispritiuel.le. Je suis membre organisateur.trice de la nation Virago et je travaille actuellement en tant que programmateur.trice bispirituel.le pour le Queer Arts Festival.

Dites-en nous plus sur le Queer Arts Festival et votre rôle.

Le Queer Arts Festival est une organisation vouée au rayonnement de l’art créé par les personnes 2SLGBTQIA+. L’un des moyens que nous utilisons pour atteindre cet objectif est la tenue d’un festival annuel d’art queer et la direction de la galerie SUM, un espace dédié aux artistes queer qui sont plus susceptibles de rencontrer des obstacles à l’accès.

Mon rôle est celui de programmeur.trice bispirituel.le. Le festival a été lancé en partie par une personne bispirituelle du nom de Robbie Hong. En 2017, l’organisation a confié la direction du festival à l’artiste bispirituel.le Adrian Stimson. Avoir une organisation qui se concentre sur l’art bispirituel de manière aussi significative était un moment historique. Ma première interaction avec l’organisation s’est produite lorsqu’on m’a invité.e à faire du spoken word pour l’exposition « Lay of the Land » présentée pendant le festival.

Je ne savais pas que vous faisiez de la poésie!

On me demande de le faire de temps en temps, mais ce n’est pas ma principale pratique artistique. En fait, je ne me sentais pas à l’aise pour participer à cet événement de poésie et j’ai donc créé une bande dessinée orale!

Ce fut donc le début de ma relation avec l’organisation, et j’ai ensuite collaboré avec QAF pour organiser des cercles de discussion afin de soutenir les artistes de la galerie SUM. Je le faisais parce que je voulais voir ce genre d’événements se produire; l’organisation a fait preuve de générosité en fournissant l’espace et en offrant également d’aider à la rédaction de subventions pour financer le programme.

Je venais de terminer de travailler pour l’organisation Sex Workers United Against Violence qui coordonne un projet intitulé We Have a Voice ; Indigenous Women Speak Out. Ce programme utilisait des activités artistiques et culturelles afin de permettre aux travailleuses du sexe qui sollicitent dans la rue de parler de leurs expériences dans un espace déstigmatisé et sûr. SWUAV cherchait à offrir une guérison et une transformation dans l’unité et la créativité.

Nous avons créé un ensemble d’œuvres au cours des deux ans et demi qu’a duré le projet et la galerie SUM a proposé de s’associer avec nous pour organiser une exposition d’art formelle dans une galerie et donner la chance à nos artistes de partager leur message avec le public.

Je travaille maintenant pour QAF, où je continue à animer les cercles de discussion et à organiser les spectacles bispirituels. Je fais de la sensibilisation au niveau postsecondaire, en parlant en classe de la bispiritualité, de l’utilisation des pronoms et de l’éthique de la présentation d’histoires personnelles. L’une des pièces sur lesquelles je travaille est un document sur les meilleures pratiques pour les organisations artistiques qui présentent des histoires bispirituelles. Dans le cadre de mon travail artistique, j’ai pu constater que les organisations artistiques sont désireuses de soutenir les créateurs autochtones et les créateur.trices bispirituel.les, mais qu’elles ne prennent pas nécessairement le temps de comprendre ce qu’implique de le faire de manière efficace ou de manière à ne pas perpétuer le traumatisme des communautés qu’elles cherchent à soutenir. Ces organisations peuvent ignorer qu’un niveau d’attention différent est nécessaire, car elles n’ont pas le contexte pour le comprendre.

Vos cercles de discussion ressemblent-ils aux ateliers dart que vous organisez?

Les cercles Cultivate ont eu lieu de 2019 à 2020. Je ne pensais pas pouvoir maintenir le même genre d’espace dans un contexte numérique, alors j’ai modifié le programme. C’était une occasion de fournir une connexion et un soutien sans chercher à atteindre un moment de guérison. Cela rejoint ce que nous cherchons à faire avec le projet des meilleures pratiques. Les ateliers d’art se déroulent en ligne via Zoom. Il y a un cercle spécifique aux autochtones qui s’identifient comme queer et un autre cercle qui s’adresse à « tous.tes les queer ». Le cercle bispirituel existe afin de reconnaître le peu d’espace accordé aux personnes bispirituelles pour parler de leurs expériences et et leurs besoins à cet égard.

Sur quels autres projets travaillez-vous?

Je travaille avec Allan Lindley, un merveilleux gardien du savoir bispirituel qui fait de l’animation artistique avec IndigenEYEZ et qui travaille pour RainCity (une coopérative de logement sans but lucratif de Vancouver). Nous collaborons sur un atelier d’animation artistique, en utilisant et en faisant référence à la recherche sur le langage traditionnel que plusieurs d’autochtones ont fait pour « réveiller » les différents noms et langages que les cultures ont eus pour les personnes qui se revendiquent maintenant comme bispirituelles. Non seulement pour les reconnaître, mais également pour bâtir une plateforme afin d’imaginer de nouvelles façons de définir nos expériences et nos identités par les mots.

Je suis aussi très enthousiaste à l’idée d’une résidence d’artiste numérique avec Dana Danger et Raven Davis et de voir ce que les gens vont y créer. Nous avons eu du mal à la mettre en oeuvre à cause du ralentissement suscité par la Covid et du récent décès d’un membre de notre communauté, Taran Kootenhayoo. La présence de Taran s’est fait sentir dans l’ensemble des communautés autochtones, en particulier dans les milieux artistiques, à un point tel que nous devons retarder nos échéanciers; il est trop difficile de demander aux gens de faire ce travail créatif en période de deuil. Donc, je crois que la résidence aura lieu cet été plutôt qu’au printemps. Elle sera ouverte aux artistes bisprituel.les de partout et, à la fin de la résidence, les œuvres auront leur place dans un spectacle numérique dans le cadre du festival.

Revenons en arrière et parlons de la façon dont vous avez commencé à vous produire sur scène et de la création de Virago Nation. 

J’ai commencé à faire des spectacles en été 2011. J’ai toujours eu un faible pour les activités comme le burlesque, car j’ai passé beaucoup de temps avec mes grands-parents à regarder les vieux films à succès à la télévision, ce qui m’a fait comprendre que le glamour et le showmanship méritaient d’être reconnus et admirés. Un jour, quelqu’un m’a emmené.e voir un spectacle burlesque à Vancouver; je ne savais pas que c’était quelque chose que l’on pouvait faire comme métier. Cela m’a semblé idéal pour toutes sortes de raisons. Je venais de terminer mes études supérieures et je me sentais effacé.e. Je devais trouver des moyens de me reconstruire et d’avoir le bon exutoire pour un type d’énergie particulier. J’ai toujours aimé être nu.e et le burlesque est une nudité politique pour laquelle je suis entièrement en faveur.

La communauté punk a joué un rôle considérable dans ma vie; on y trouve différents niveaux de créativité et de militantisme si on prend le temps de regarder. La communauté punk m’a offert des moyens de me sentir à l’aise d’exprimer un type particulier de féminité, que je sentais que le monde attendait de moi, et que j’estimais franchement n’avoir jamais compris. Les motivations étaient multiples. C’était génial, mais j’ai bûché jusqu’à souffrir d’épuisement et j’ai dû faire une pause. Je travaillais à plein temps, je co-produisais un spectacle mensuel, je me produisais dans un autre spectacle mensuel et je poursuivais une carrière solo. Je créais des numéros à une fréquence tellement élevée que j’ai commencé à me sentir ridicule, comme un enfant qui se balade en sous-vêtements. (Soit dit en passant, à ce moment-là, je me suis mise à rire parce que je connais parfaitement ce sentiment.)

J’ai senti que si je devais reprendre le burlesque, cela devait être pour plus. Cela ne suffisait pas d’être un corps féminin nu en public, ce n’était pas satisfaisant. J’ai alors décidé de contacter certains des membres de ce qui est aujourd’hui Virago Nation. J’avais du mal à accepter mon identité autochtone et je ne m’affichais pas ouvertement dans beaucoup d’espaces. Je ne savais pas comment intégrer cette composante à mon spectacle, et cela représentait pour moi un conflit de valeurs. J’avais grandi dans le monde du burlesque, en imaginant que mon personnage burlesque est la meilleure version de moi. Mais comment faire si l’on ne reconnaît pas tous les aspects de sa propre personne? Il se trouve que je connaissais d’autres personnes de la communauté burlesque qui étaient autochtones et qui ne montraient pas cet aspect d’elles-mêmes sur scène ou à travers leur personnalité. Je les ai contactées et leur ai demandé si nous pouvions nous rencontrer pour déjeuner afin de former une communauté de soutien.

Manda Stroyer, Sparkle Plenty, Ruth Ordare, Scarlet Delirium et moi avons déjeuné ensemble, et au cours du brunch, je leur ai demandé de se présenter à nouveau comme autochtone et non comme personnage burlesque. Nous avons organisé d’autres brunchs et certaines des histoires partagées étaient uniques tout en partageant un fil conducteur, celui d’être un.e autochtone vivant dans un monde colonisé. Nous avions tous.tes des niveaux de confort très différents quant à cet aspect de notre vie. C’est un risque d’être soi-même dans un espace public, et pas seulement parce qu’on participe à un milieu sexualisé.

Nous sommes finalement arrivé.e,s à la conclusion que les histoires que nous échangions devaient être partagées hors de notre cercle et c’est ainsi que nous avons choisi d’être une troupe artistique plutôt qu’un groupe de soutien. Et nous avons également fait appel à Rainbow Glitz.

Notre premier spectacle de groupe a eu lieu lors du Talking Stick Festival. Nous avons enchaîné avec un autre festival et un concert au Musée d’anthropologie de l’Université de Colombie-Britannique. C’était magnifique, le concert avait installé notre scène au pied d’une série de totems. Nous n’avons pas changé notre approche de manière délibérée, mais nous avons réfléchi au fait de nous présenter comme un groupe artistique légitime plutôt qu’un groupe uniquement destiné à divertir. La culture des espaces artistiques dédiés a un effet stimulant sur tout le monde et nous avons eu la chance de continuer sur cette voie. Cela fait maintenant cinq ans que nous nous produisons ensemble.

Shane Sable Turn it up and Disrupt UBC / photo: Tandem Photography

Shane Sable / photo : Misty Moss of Moss Photography

 Avez-vous fait face à des préjugés à propos du burlesque de la part du monde de lart?

Cela a vraiment évolué au cours de ma carrière dans le burlesque. Quand j’ai commencé, je travaillais dans le contexte plus traditionnel des boîtes de nuit et des salles communautaires. À cette époque, j’avais vraiment le sentiment que le burlesque était quelque chose qu’on mépriserait si on n’en était pas déjà adepte. Cependant, avec la fondation de Virago Nation et le virement que nous avons pris afin de nous produire principalement dans des festivals et des théâtres au cadre artistique conventionnel, j’ai l’impression que nous recevons beaucoup de reconnaissance et de respect en tant qu’artistes. Il se peut que nous ayons eu beaucoup de chance en ce qui concerne les personnes avec lesquelles nous avons pu travailler, mais je pense que les autochtones comprennent vraiment notre engagement. Nous nous attendions à beaucoup de résistance à notre travail dans son ensemble parce que nous sommes conscientes du degré de trauma présent dans la relation qu’ont les autochtones avec leur corps et à quel point la colonisation a empoisonné cette relation. Au lieu de cela, il y a eu un véritable rassemblement et une vague de soutien. À maintes reprises, notre communauté nous a montré qu’elle appréciait notre travail en nous invitant à faire un spectacle ou en nous appuyant sur les médias sociaux.

 

 

Votre troupe sest adaptée aux restrictions liées à la covid en produisant des spectacles en webdiffusion, comme le spectacle Too Spirited qui a eu lieu cet été pour le Queer Arts Festival. Comment ladaptation à ce format a-t-elle touché Virago Nation? Pouvez-vous nous parler du processus de création de contenu pour un spectacle en webdiffusion? 

QAF a été très doué pour pivoter vers un modèle hybride cette année et voulait un spectacle de Virago Nation, nous avons donc suggéré un spectacle burlesque numérique. C’était notre premier spectacle numérique et nous avons préenregistré tous les numéros à la salle de spectacle The Cultch. C’était vraiment intéressant de s’impliquer dans les deux facettes de la production; de faire partie de l’équipe de production qui décide de la plateforme à utiliser, de la méthode de diffusion et des éléments interactifs, et travailler comme artiste durant la Covid, de transposer l’esprit et l’intimité vécue dans un spectacle en direct au format numérique — il faut adapter son énergie et la projeter différemment.

 

Et il ne faut pas oublier la vidéographie et le montage… il faut se rappeler aux gens qui filment et s’occupent du montage que si je fais un grand écart vers la caméra pendant une performance burlesque, c’est précisément parce que je veux que les gens voient ma noune. S’il vous plaît, ne passez pas à un plan de mon visage! J’ai également pu comprendre l’intérêt d’avoir 3 à 5 personnes dans la salle, dans la mesure du possible, pour applaudir ou encourager. Cela fait une différence énorme dont on ne prend pas conscience avant de voir le produit final.

 

Nous leurs sommes tellement reconnaissant.e.s de nous avoir fait vivre l’expérience d’un spectacle particulièrement accessible. Nos proches qui ne peuvent normalement pas nous voir, indépendamment de la Covid, ont pu visionner le spectacle. Je pense qu’au total, il y a eu 2500 vues lors de la première projection, ce qui représente une portée immense. Jamais, dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pensé faire un spectacle burlesque qui serait vu par autant de personnes.

 

Nous avons beaucoup appris au cours du processus de création de Too Spirited et en sommes ressorties inspirées. Il y a de nombreuses considérations d’accès pour nous en tant que troupe, certain.es d’entre nous travaillent en première ligne du travail d’intérêt général ou des soins de santé, tandis que d’autres ont des déficits immunitaires ou des troubles physiques à gérer. Nous avons trouvé que la performance numérique était une planche de salut, compte tenu des différents besoins de nos membres. C’est pourquoi nous avons choisi de ne plus faire de spectacle en personne et de faire passer nos projets au numérique.

 

Nous avons un accord avec l’Université polytechnique de Kwantlen qui nous permet d’offrir une variété de prestations burlesques et d’ateliers grâce à notre financement avec le Conseil de recherche en sciences humaines. Nous avons renégocié les conditions de notre subvention afin d’investir les fonds restants dans le développement d’un studio numérique. Nous travaillons donc en ce moment à la création d’une série d’offres numériques comprenant un spectacle et une série de courtes vidéos éducatives et d’ateliers. Ce nouveau spectacle a pris une ampleur considérable. Nous aimons maintenant le décrire comme un strip-docu ayant pour objectif de créer une construction narrative de la Virago Nation, en tant que troupe et individus, et de notre raison d’être. Nous travaillons avec une équipe de médias queer pour filmer, monter et capturer un récit numérique. Nous créons quelque chose de nouveau et de différent de ce que nous avions conçu avant la Covid.

 

Cette série sera-t-elle réservée au programme ou accessible au public?

Il y aura une première diffusion sur KPU, après quoi le contenu nous reviendra, de la même manière que le spectacle avec QAF.

 

En tant que troupe, Virago Nation semble être parfois très inspirée par les mouvements sociaux et la politique, mais met également en vedette lhumour, des pièces sensuelles modernes et des numéros glamour traditionnels. Lorsquil est question dinspiration, quest-ce qui vous motive à créer une pièce plus politique par rapport à un numéro plus classique, que ce soit individuellement ou en groupe?

Les gens ne sont pas toujours sûrs du lien entre le burlesque et la nature plus conceptuelle de notre travail culturel visant à changer la vision commune de la sexualité et de l’incarnation de l’indigénisme. Je pense que nos inspirations se trouvent justement dans la pluralité de notre expression personnelle et culturelle. Pouvoir nous regarder sur scène et dire « voilà la sexualité autochtone » ou « voilà une relation saine avec son corps ».

Nous ne voulons pas être un.e « bon.ne sauvage » ou une « squ*w », nous voulons des options. En rendant possible une multiplicité de représentations, nous montrons ce à quoi cette liberté pourrait ressembler pour notre public. L’objectif est de personnifier un sentiment de pouvoir, le sentiment d’être en plein contrôle de sa sexualité. Nous choisissons d’être sur scène. Nous choisissons notre esthétique et notre expression. Nous n’avons pas de normes artistiques qui dictent à quoi une prestation doit ressembler. Nous ne recherchons pas l’uniformité esthétique. Le but est de toucher le plus grand nombre de personnes qui vivent difficilement ce rapport à soi et de leur permettre de se reconnaître à travers ces représentations.

 

Je crois que vous avez de nouveaux membres maintenant, nest-ce pas?

Nous avons eu de la chance, les dernières années ont été bien remplies et nous avons pu nous développer davantage en devenant une association à but non lucratif. Nous avons toujours voulu intégrer plus de personnes afin de soutenir des artistes de différentes disciplines. C’est pourquoi, lors de notre première expansion, nous avons accueilli Monday Blues et Lynx Chase au sein de la troupe. Ces deux artistes avaient déjà collaboré avec nous par le passé et avaient participé à des spectacles avec nous. Elles sont incroyablement talentueuses, sensibles, intelligentes et dotées d’une pensée critique. C’était un plaisir de les inviter à se joindre à nous.

 

En parlant dautres disciplines artistiques, quel.le.s artistes ont suscité votre intérêt dernièrement?

En ce qui concerne la musique, j’aime beaucoup Anachnid. Leur musique et leur ambiance me rappellent ce que je ressens pour le gothique autochtone, les histoires d’horreur et nos histoires d’esprits et comment ces choses se produisent. Anachnid a cette même énergie!

Jadore! Le mois dernier, Quanah Styles ma parlé du film Monkey Beach, je pense quil parle d’éléments surnaturels de la côte ouest ?

Le film est basé sur un roman d’Eden Robinson, qui vient de mon quartier, mais pas de ma nation. On me l’a présentée une fois lors d’une lecture et j’ai perdu mon sang-froid! Je suis né.e à Smithers, dans le nord de la Colombie-Britannique, et certaines de ses œuvres se déroulent à Terrace, à une heure et demie de là. Vivre dans le nord me manque beaucoup. Plus tard dans la soirée, je l’ai remerciée d’avoir écrit d’une manière qui me fait sentir chez moi. Elle m’a serré.e dans ses bras et m’a offert les boucles d’oreilles qu’elle portait. La meilleure chose à propos de la nation Virago est la façon dont celle-ci m’aide à me rapprocher d’autres autochtones et à retrouver le chemin de ma propre culture.

Lorsque nous parlions d’inspiration tout à l’heure, je n’ai pas mentionné qu’une grande partie de l’inspiration provient de notre propre groupe et de nos parcours de revendication individuels. Par exemple, l’un des premiers mots que j’ai appris en Gitxsanimaax était « bilaa » qui signifie ormeau. J’ai eu ensuite l’idée de créer un acte sur l’esprit du bilaa, et je l’ai intitulé « Mother of bilaa » [un jeu de mots qui évoque en anglais mother-of-pearl (nacre)]. Nous nous inspirons de l’extérieur, de nos pairs et de différentes disciplines. Il y existe tellement d’artistes bispirituel.le.s de talent dans la province, notamment Sierra Tasi Baker, une danseuse et une chorégraphe extraordinaire qui fait du design architectural et de la mode, ainsi que Paisley Nahanee qui fait du développement de leadership et qui est également DJ. 

Comment vous connectez-vous à votre culture pendant la pandémie? Des conseils pour les personnes qui se sentent déconnectées?

Je me souviens très distinctement du moment où j’ai compris, l’an dernier, que cette situation allait avoir sur nous un impact plus important que nous ne le pensions. J’ai ressenti une grande déception parce que je souhaitais faire de l’éducation axée sur la terre une de mes priorités pour 2021. Je venais d’apprendre à faire des pommades, à récolter des plantes et à utiliser des remèdes traditionnels, et me voilà coincé.e dans un rayon de trois pâtés de maisons. J’ai eu la surprise de constater au cours de la pandémie que j’avais plus accès aux connaissances liées à la terre que jamais auparavant dans ma vie, y compris lorsque je vivais sur des terres. J’ai appris comment tanner la peau d’ours, préserver les ailes d’oiseau, tanner le cuir de poisson. La quantité d’opportunités que la communauté autochtone a créées du jour au lendemain était incroyable et tout ce dont j’avais besoin pour survivre. J’ai été impressionné.e de voir tout ce qui est né du besoin des gens d’établir des liens et de poursuivre ces activités. J’encourage donc les gens à ouvrir leurs horizons!

En ce qui concerne les composantes spirituelles, la majeure partie de ma pratique spirituelle est privée, mais j’ai récemment rejoint un cercle numérique qui a été créé par des mémés du Downtown Eastside de Vancouver, un groupe de femmes avec lesquelles je travaillais. Cela a vraiment fait une énorme différence. J’ai animé beaucoup de cercles de discussion et il est facile d’oublier combien il peut être bénéfique de simplement participer. Je suis également un cours de langue organisé par la communauté. C’est important de trouver le type de réunion dont vous avez besoin. La médecine est dans beaucoup de choses. La solidarité est une médecine.

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