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Conversations avec nos relations. Pleins feux sur les artistes autochtones queer bispirituels incontournables – Quanah Styles

Aani! Dolly Berlin ndizhinikaas.
(Bonjour! Je m’appelle Dolly Berlin)

Je suis une showgirl burlesque et productrice d’événements basée à Tkaronto (Toronto) en pause à cause de la pandémie.

En tant que fière femme queer/Bi+ d’origine ojibwée,, je suis très heureuse et honorée de collaborer avec Never Apart pour vous présenter cette chronique mettant en lumière quelques-unes des personnes autochtones bispirituelles et queer qui se distinguent dans le monde des arts. Pour le lancement, j’ai discuté avec l’une des artistes les plus audacieuses de la côte ouest : Quanah Style.

Je ne me souviens plus exactement quand j’ai rencontré Quanah, mais nous nous sommes croisées à plusieurs reprises dans le milieu drag de Toronto. Elle brille de tous ses feux autant sur scène qu’en dehors et gagne rapidement en notoriété en tant qu’artiste-interprète à la suite de sa mention dans le classement Billboard des dix meilleurs albums dance de l’année.

Bonjour Quanah, présentez-vous!

Je m’appelle Quanah Style, je suis originaire de Moberly Lake et membre de la Première nation de Saulteaux du nord de la Colombie-Britannique. Je suis surtout une artiste musicale qui s’adonne à l’art dramatique et au drag. Je suis la drag mother de la House of Style et j’habite présentement à Vancouver.

Avez-vous eu des moments forts pendant l’année la plus bizarre de l’industrie du divertissement?

Cette année a certainement été intéressante, mais de voir comment les artistes de drag ont su entretenir des moyens de divertir et trouver de nouvelles avenues pour se produire et faire participer leur public été particulièrement impressionnant. Beaucoup de filles émergent de la pandémie avec de nouvelles compétences en matière d’éclairage, de montage et de son; des choses que nous n’étions pas toujours en mesure de faire nous-mêmes auparavant. C’est également très inspirant de voir les concepts que les gens inventent.

J’ai participé au festival Transform, qui a été pour moi un spectacle extraordinaire. Transform est un festival en ligne préenregistré, mais nous avons construit six décors que nous avons filmés en une seule prise de vue en direct. Cela n’aurait jamais été possible ou même ne m’aurait pas traversé l’esprit sans la pandémie. C’était à la fois un exutoire vraiment cool et la possibilité pour moi d’exprimer ma musique d’une nouvelle façon.

J’ai fait la première partie de Snotty Nose Rez Kids pour le spectacle Let’s Hear It Live de Music BC. J’ai fait un set de 40 minutes et à la fin de chaque chanson, j’ai frappé des mains en l’air et au moment du claquement, ils ont rapidement changé de cadre pour donner l’impression que mes tenues changeaient avec chaque chanson. J’ai beaucoup aimé cette prestation.

Avec la pandémie, la défense des terres, la violence policière et les enjeux politiques, cette année a certainement été très chargée!

Le militantisme a toujours occupé une place importante dans ma vie. Mon père était le chef de notre réserve quand j’étais enfant et je me souviens d’avoir participé à des barrages routiers. Protéger la terre et l’eau pour les générations futures est une valeur profondément enracinée dans ma personnalité. Certains peuvent penser que ce sont des actes de rébellion, mais je les considère comme des actes de soutien.

Lorsque le mouvement Black Lives Matter a connu un essor important au début de l’année, je me souviens avoir été bouleversée, émue et interpelée. Je me trouvais à Edmonton et je me souviens d’un moment magnifique où j’ai entendu des discours motivants et j’ai vu des personnes de tous horizons se rassembler et soutenir le mouvement. Un des souvenirs que j’ai en particulier est quand des milliers de personnes ont mis un genou à terre; je me suis sentie très chanceuse de vivre ce moment de solidarité. La ville s’est également animée ce jour-là avec des manifestations qui ont duré toute la nuit. C’était comme si les Oilers avaient gagné, mais sans aucune émeute ou saloperie, rien que de l’amour.

Étant en Colombie-Britannique, pouvez-vous décrire à quoi ressemblait votre participation à certaines actions des Wet’suwet’en juste avant que la pandémie ne frappe?

J’ai pris la parole lors d’un des rassemblements de soutien aux Wet’suwet’en et j’ai l’impression qu’il y avait beaucoup plus d’attention accordée à ce qui se passait dans les débuts de la pandémie. Les gens ont une courte durée d’attention, il est donc important de se rappeler que ces choses se passent encore, de ne pas les oublier et de faire ce que nous pouvons pour aider. Ces rassemblements ont été intenses.

Nous parlons ici de la cour et de la maison des gens, où se trouvent leurs familles et où sont enterrés leurs ancêtres. Il est question de profanation de tombes à des fins lucratives sans tenir compte de l’histoire ou de la façon dont les gens y maintiennent leur culture au fil des saisons.

Pour les jeunes et les adultes autochtones, les exemples de révolution et de résistance dont nous avons été témoins semblent avoir suscité un intérêt pour renouer avec nos cultures. J’admire vraiment le fait que vous soyez capable de fusionner votre personnage de scène avec une grande ouverture d’esprit pour vous connecter à votre culture. Votre court-métrage Dance With Me en est un excellent exemple. Avez-vous trouvé des moyens de continuer ce cheminement pendant la pandémie ou y a-t-il quelque chose en particulier que vous avez hâte de faire une fois que cela sera sécuritaire? Referez-vous de la danse des clochettes?

J’ai grandi dans la réserve, en allant aux cérémonies de la suerie tous les dimanches. Mes parents étaient tous les deux porteurs de calumet et ont reçu une éducation plus approfondie en matière de langue et de culture que celle qu’ont pu recevoir d’autres membres de leur génération. C’est donc quelque chose qui m’a été transmis. Ma mère m’envoie toujours des paquets de préparations médicinales et de thé, j’ai fait de la purification par la fumée et j’ai manifesté certaines intentions tout au long de la pandémie. J’espère pouvoir à nouveau danser les clochettes. Certains de mes souvenirs d’enfance préférés sont d’aller aux pow-wow et ils me donnent le sentiment d’être vraiment liée à la culture. J’adore voir les regalias, les couleurs, le perlage et à quel point ces événements sont extravagants. J’ai vraiment hâte de pouvoir aller à un pow-wow et de manger un taco indien!

(Vous pouvez visionner Dance With Me en cliquant ici : https://www.storyhive.com/projects/4579)

Pour ceux d’entre nous qui vivent en milieu urbain, se familiariser avec la culture peut parfois être difficile. Avez-vous des conseils à donner à ceux qui ne savent pas trop comment s’y prendre?

Les événements en ligne, les groupes, ou votre centre d’amitié autochtone local. Si vous vous intéressez à votre langue, il existe de nombreuses ressources et même des applications intéressantes. Contactez aussi les aînés, ils sont également une grande source de connaissances.

En ce qui concerne la représentation dans les médias, je me souviens que vous avez travaillé sur une campagne il y a quelques mois, et qu’on vous a ensuite reproché d’avoir les cheveux rouges sur les photos plutôt que vos cheveux naturels. Comment réagissez-vous à ce genre de critiques?

Je portais un manteau Pendleton avec une plume d’aigle et j’ai reçu des critiques pour mes cheveux rouges. C’est une position difficile et j’ai déjà eu droit à ce genre de réactions. En ce qui concerne le financement, on m’a déjà dit : « Nous aimons le fait que vous soyez autochtone, mais nous aimerions pouvoir le voir. » J’ai grandi avec ma culture et je suis autochtone, donc, quelle que soit la couleur de mes cheveux, je suis toujours une membre des Premières nations. Nous sommes tellement sous-représentés que les gens veulent nous représenter de manière stéréotypée.

La représentation des autochtones sous toutes leurs formes est géniale. Quand j’étais jeune, je ne me suis jamais vue représentée dans les médias. Aujourd’hui, avec des séries comme Trickster et des films comme Monkey Beach, il est inspirant de constater qu’il existe davantage d’opportunités pour les acteurs et les personnes autochtones dans l’industrie du divertissement. Et en musique également, avec des artistes comme Snotty Nose Rez Kids qui se retrouvent enfin au premier plan.

La directrice de la minisérie Trickster, Michelle Latimer, a démissionné après que ses revendications concernant ses origines autochtones aient été mises en doute. Il y a eu beaucoup de discussions en ligne à ce sujet et beaucoup de demandes de soutien pour la série, qui met en vedette un grand nombre d’artistes autochtones.

Les acteurs et l’équipe sont incroyables. La série et les livres sont excellents. Crystal Lighting qui joue Maggie est formidable dans ce rôle. J’ai vraiment aimé regarder la série, alors c’est dommage qu’elle soit entachée de cette manière. J’ai de la sympathie pour tous ceux qui ont travaillé si dur sur Trickster, il serait regrettable que ce scandale fasse dérailler tout cela. L’imputabilité est importante, mais j’espère que l’émission pourra continuer avec les bons collaborateurs en place. J’aimerais beaucoup y participer!

Quels sont les autres artistes que vous aimez?

Les artistes que j’écoute sont Anna et Juceefroot. Je suis aussi beaucoup de filles de Canada’s Drag Race parce que j’étais à fond dans la première saison. J’adore Jimbo, Jimbo est hilarante. Et je garde toujours contact avec mes « sœurettes » Ilona Verley et Scarlett BoBo. Elles occupent une grande partie de ma vie, mais la distanciation sociale nous a reléguées à Instagram pour le moment. Je traite mon Instagram comme ma propre émission de télé-réalité.

Quels sont vos conseils de soins pour les prochains mois, alors qu’il fait trop froid pour les rencontres en plein air et que nous prévoyons encore pratiquer la distanciation sociale?

Je tiens un journal. C’est difficile de ne pas pouvoir faire ce qui nous passionne et d’être séparés des gens dont nous sommes proches. La situation a été difficile et il y a eu des hauts et des bas. J’ai eu la chance de continuer à travailler, mais nous traversons tous des moments difficiles. Ça m’aide d’écrire sur ce que je ressens et de le relire, un peu comme si je pouvais me donner des conseils d’un point de vue extérieur. Je tiens donc un journal et je travaille aussi sur mon nouvel album, ce que je trouve thérapeutique. Il est important de ne pas oublier de bien prendre soin de soi et de se rappeler que l’on n’est pas seul. Essayez de ne pas être dur avec vous-même si vous vous sentez déprimé. Parlez à quelqu’un!

Vous avez récemment publié une vidéo pour Where Do We Go From Here sur votre Instagram ainsi que des photos au style futuriste pour Glow. Quand verrons-nous le nouveau clip? Dites-nous ce qui nous attend!

Comme je ne peux pas faire de tournées en ce moment, je travaille avec deux nouvelles équipes au Royaume-Uni et aux États-Unis pour percer ces profils démographiques et me créer de nouveaux marchés. J’ai sorti Where Do We Go From Here, tiré de mon premier album sur WetTrax. Cet album vient de figurer dans le Top 10 des albums dance de l’année de Billboard, aux côtés de Kylie Minogue. Ça m’a tuée!

Je suis également très excitée par mon nouvel album avec les producteurs Dmetz de SNRK, Frustra, Goddexx et quelques autres collaborateurs. Et le nouveau clip sortira au début de l’année 2021!

D’autres choses que vous aimeriez partager?

Découvrez ma musique qui est maintenant disponible sur toutes les plateformes! J’espère que tout le monde prend soin de soi et j’attends avec impatience la nouvelle année. Vous pouvez rester à jour en me suivant sur instagram @quanahstyle.

Puisque les clubs sont fermés, je vous recommande vivement de mettre l’album de Quanah pour vous remonter le moral! Je vous souhaite une bonne année 2021 et un joyeux anniversaire à Quanah!

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