close

Deborah Cox Entrevue

Écrit par

Tranna Wintour
août 16th, 2018

Catégories


Qu’est-ce qui fait de quelqu’un une légende ? Est-ce le fait d’avoir à son actif plusieurs albums certifiés or et platine ? D’avoir le nombre record de treize succès numéro 1 au classement Billboard Dance Club ? D’être la vedette d’un spectacle de Broadway ? Ou serait-ce plutôt d’être la lauréate de multiples prix Juno et de nominations aux Grammys ? La prochaine personne à prendre part à la Série de légendes de Never Apart est la seule et unique Deborah Cox qui a accompli tous ces exploits, dans une carrière qui s’étale sur trois décennies. Mais à une époque où les mots « légende » et « icône » sont pratiquement galvaudés, être une légende se doit de vouloir dire plus que « succès et réussite ». Être une légende signifie être la perle rare dotée du pouvoir d’influencer et d’inspirer à travers l’art et la créativité. Au cours d’une illustre carrière qui compte cinq albums, dont le succès One Wish, c’est précisément ce qu’ont fait Mme Cox et sa musique. Elle nous a inspirés et influencés et est par le fait même devenue une part importante de la trame sonore de nos vies, particulièrement ici au Canada, son pays d’origine. Lorsque Nobody’s Supposed to Here passe, jouant à plein volume dans une soirée, on ne peut pas rester immobile. On ne peut que se mettre debout et danser. On ne peut que ressentir le rayonnement émotionnel de la voix puissante de Mme Cox. Et sans doute et avant tout, c’est ce qui fait le plus d’elle une légende : la capacité à nous faire ressentir.

En prévision de son passage à Never Apart le 17 août, nous avons eu la chance de nous entretenir avec Mme Cox à propos de sa vie, sa carrière et ses réussites.

Tranna Wintour : Deborah, Never Apart vous rend hommage ce mois-ci en tant que légende. Félicitations, nous sommes vraiment excités ! Qui ont été les plus grands mentors et légendes de votre vie ?

Deborah Cox : Je dois ma première expérience de mentorat à ma mère. Elle était le parfait exemple d’une personne motivée qui avait beaucoup d’ambition. J’ai ensuite eu de bons amis musiciens qui sont restés dans ma vie et m’ont encouragée tout au long de mon parcours. Je dois le dire, lorsque j’ai enfin décroché mon contrat de disque, Whitney Houston a joué pour moi un rôle important de mentor, en ce qui concerne son style, en plus de m’éclairer sur l’industrie de la musique. Ces personnes me viennent à l’esprit quand je pense à l’encadrement que j’ai reçu.

TW : Il y un lien de longue date entre votre carrière et celle de Whitney : vous avez prêté votre voix au film biographique de la chaîne Lifetime sur Whitney, vous avez joué dans la pièce musicale The Bodyguard, reprenant ainsi plusieurs de ses grands succès. Vous avez fait un magnifique duo avec Whitney au début des années 2000 intitulé Same Script, Different Cast. Whitney demeure une artiste sur qui l’on veut encore en savoir davantage. Quels souvenirs avez-vous d’elle et quelle image avez-vous de Whitney en tant que personne ?

DC : Je crois qu’elle était quelqu’un d’incompris. Et je crois que, malheureusement, elle n’a pas eu la chance de connaître le vrai bonheur parce qu’elle n’a jamais pu être entièrement elle-même. La chose la plus difficile à gérer pour un artiste est la perception. On est une personne face au monde entier et une tout autre personne à huis clos. Je pense qu’elle trouvait ça très difficile et que ça a contribué au problème. Lorsqu’on a eu la chance d’enregistrer notre duo, je me rappelle avoir beaucoup ri ensemble. Elle était vraiment très drôle et plaisantait sans cesse. On parlait de l’état actuel de l’industrie et elle m’a beaucoup encouragée à commencer une famille. Elle insistait sur le fait de créer le bon équilibre parce qu’au final, si l’on n’a pas les choses qu’on veut réellement, on ne s’épanouit pas vraiment. Elle disait : « Assure-toi d’être heureuse ; la vie ne gravite pas seulement autour du business. »

TW : Beaucoup de nos lecteurs ignorent probablement qu’en début de carrière, vous avez été choriste pour une autre légende : Céline Dion ! Vous avez tourné avec elle au début des années 90. Dites-nous comment c’était.

DC : C’était incroyable ! C’était à l’époque où elle a fait « La Belle et la bête », alors elle donnait beaucoup de spectacles aux États-Unis. Je me souviens qu’on avait fait toute une série d’apparitions aux émissions de variétés en soirée, comme The Tonight Show et Arsenio. Nous avons beaucoup voyagé. Nous avons même participé à l’investiture de Bill Clinton. Il y a eu tant de moments monumentaux sur cette tournée. Je me suis dit : « Wow, elle est au stade où elle a réussi ; elle fait ce qu’elle aime. » Ce qui m’a le plus marqué de Céline, c’était sa discipline rigoureuse. Elle ne parlait pas avant les spectacles, elle n’utilisait sa voix que pour pratiquer son chant. Je crois que ce dévouement a bien été récompensé parce qu’elle est toujours d’actualité et sa voix est toujours formidable.

TW : Il en va de même pour votre voix, Deborah ! Vous avez sorti cinq albums et plus de vingt-cinq titres, mais vous rappelez-vous le moment où vous avez entendu votre premier titre, Sentimental, à la radio pour la première fois ?

DC : C’était hallucinant ! J’avais enfin déménagé à Los Angeles ; nous conduisions sur la 405 et nous avons entendu la chanson sur la plus grande station de radio de la ville. Les animateurs aimaient beaucoup Sentimental et j’ai vraiment eu l’impression pour la première fois que mes efforts étaient reconnus.

TW : Quel a été le moment décisif de votre carrière, l’instant où toutes ces années de travail et de lutte se sont concrétisées ? Quand avez-vous eu l’impression d’avoir réussi ?

DC : Je dirais probablement aux Grammys. Comme artiste, on a connaissance de toutes ces différentes remises de prix et d’une certaine manière, c’est ce que nous visons. Je crois bien que c’est au moment où j’étais assise dans l’auditoire, avec tous les autres artistes, que tout est devenu clair et que je me suis dit : « Wow, j’ai vraiment fait quelque chose de moi. »

TW : L’industrie de la musique a beaucoup changé depuis le lancement de votre premier album en 1995. Quels changements ont été les plus ardus et lesquels ont été les plus stimulants ?

DC : J’ai vu les choses changer de façon dramatique, des cassettes aux cd aux plateformes digitales. Un enjeu majeur est la vitesse à laquelle tout a changé. La technologie a poussé les gens vers une nouvelle méthode d’écoute musicale. Avec les plateformes numériques et le streaming, on tombe plus facilement sur de nouvelles chansons, mais l’expérience est moins personnelle qu’avant, alors qu’on pouvait lire les noms des collaborateurs et regarder la pochette et les images. L’avantage de ce changement pour les artistes est qu’il n’y a plus d’intermédiaire. Les maisons de disque n’ont plus le contrôle absolu.

TW : Vous avez eu treize succès numéro 1 au classement Billboard Dance Club, chose incroyable. Depuis l’ère du disco, la musique dance fait partie intégrante de la culture gaie; les gais ont tendance à entretenir une relation très spéciale avec les chanteuses qu’ils aiment et admirent. Comment décririez-vous votre relation avec la culture dance et la culture gaie ?

DC : La communauté LGBTQ+ fait partie intégrante de ma lutte et de ma mission, qui est de continuer à promouvoir un message d’égalité et le droit pour tous d’être libre d’aimer qui l’on veut aimer. Je suis heureuse d’avoir grandi au Canada, parce que je crois que nous sommes très progressistes à cet égard. Nous respectons véritablement les gens pour qui ils sont. La musique dance m’a permis de développer des liens étroits avec la communauté gaie ; mes fans homosexuels sont ceux qui ont toujours insisté pour que j’aie des remix chaque fois que j’enregistre une chanson. Et je suis reconnaissante envers cette connexion. La question a revêtu un caractère personnel lorsque j’ai commencé à voir un bon nombre de mes amis mourir ou lutter pour affirmer leur identité.
pastedGraphic.png

TW : Vous avez non seulement connu un énorme succès dans le monde de la musique dance, mais également sur les planches de Broadway (Aida, Jekyll and Hide, The Bodyguard). Broadway est-il une de vos passions ?

DC : Je suis très très passionnée de Broadway. Broadway offre la chance de raconter une grande histoire et de travailler avec un casting choral. Lorsqu’on fait partie d’une production d’envergure qui raconte une histoire de taille, l’enjeu est élevé et ça demande beaucoup. Aida, Jekyll and Hyde et The Bodyguard ont été très exigeants, mais également enrichissants et valorisants, bien que je ne souhaite à personne cet emploi du temps parce que donner huit représentations par semaine est infernal ! Mais c’est en s’attaquant à ces défis qu’on en apprend sur l’endurance et le contrôle. On s’en remet à son talent, on doit revenir à l’essentiel et faire preuve de discipline pour pouvoir faire toutes les représentations. J’aimerais beaucoup travailler à nouveau sur Broadway.

TW : Merci d’avoir pris le temps de nous parler, Deborah. Nous avons très hâte de vous voir à Never Apart le 17 !

DC : J’attends ce moment avec impatience ! Merci !

Voir les commentaires

Sans commentaires (Cacher)

Laisser un commentaire

Les champs obligatoires sont marqués d'un *.
Votre adresse email ne sera pas publiée.