Rencontrez Annie Guglia, skateuse Canadienne LGBT et espoir olympique
J’ai rencontré Annie Guglia pour la première fois un soir d’été en Juillet 2016 au « Skatepark de Valleyfield » avec mon fils Salomon qui avait 5 ans à l’époque. Je ne savais pas qui elle était mais, tout de suite, elle est venue vers nous et nous a jasé et demandé si on avait besoin d’aide.
Sans perdre un instant, elle a pris mon fils en charge, elle lui a offert son expertise, elle l’a encouragé et lui a même remis un « skateboard de Meow » (son commanditaire). Je trouvais son leadership incroyable, son humilité hors pair et j’ai vu en elle une femme simple et naturelle au sourire éclatant qui transpirait le bonheur et la passion pour ce qu’elle faisait. Sa gentillesse, son charisme et sa volonté de faire progresser la prochaine génération de « Skateboarders » sautait aux yeux. Je me tenais en face de la nouvelle « Pionnière du Skateboard »!
Cette jeune femme athlète basée à Montréal fait sa marque dans ce sport d’action à population masculine et devient une modèle pour la nouvelle génération de femmes skateuses mais plus encore, Annie est une modèle pour toute les communautés, mais plus précisément une excellente modèle LGBT. Gagnante de la 1ère place au Festival Jackalope en 2018 et 2019 dans la division Street Pro féminin, c’est avec plaisir que je m’entretiens avec elle suite à sa nouvelle victoire de la dernière édition du Festival Jackalope 2019.
Annie, dis-moi comment à débuté ta carrière de skateuse?
Je n’ai pas gagné tant de compétitions parce que ça fait seulement deux ans que j’en fait beaucoup. Je dirais que gagner le Jackalope deux années de suite, c’était assez magique! C’est cool parce qu’en plus, c’est à Montréal alors la plupart des spectateurs et médias me connaissent, ce qui créé un beau hype et me motive à skater encore plus et mieux.
Je sais que tu as gagné beaucoup de compétitions, lesquelles étaient les plus significatives pour toi et pourquoi?
Je n’ai pas gagné tant de compétitions parce que ça fait seulement deux ans que j’en fait beaucoup. Je dirais que gagner le Jackalope deux années de suite, c’était assez magique! C’est cool parce qu’en plus, c’est à Montréal alors la plupart des spectateurs et médias me connaissent, ce qui créé un beau hype et me motive à skater encore plus et mieux.
Comment te sens-tu quand tu fais du skateboard?
Ça dépend. Je me sens soit super confiante et dans mon élément, soit terrorisée! Le skate n’est pas une activité de plaisance où tu t’assois et regarde le paysage. Quand tu apprends des nouveaux trucs, c’est parfois terrifiant et il faut passer par dessus ça et forger son estime de soi. Mais en compétition ou quand je skate avec des ami(e)s et que je m’amuse, je me sens vraiment bien, à ma place et libre. Le skate a cette capacité de te montrer que tu n’es pas invincible, mais aussi de booster ta confiance en toi quand tu réussis quelque chose qui défie les lois de la gravité et du bon sens!
Quelle est la meilleure partie dans les compétitions?
Quand tu lands tout ce que tu espérais réussir pendant ta run. C’est tellement gratifiant!
En 2020, tu représenteras le Canada aux Jeux de Tokyo, qu’est-ce que cela signifie pour toi?
Ce n’est pas encore certain. Comme tous les skateurs et skateuses, on est en processus de qualifications jusqu’en Mai 2020. Rendu là, ils prennent le top 20 du classement mondial et c’est eux qui iront aux Olympiques. Donc ce n’est pas certain mais pour moi c’est un nouveau défi que je tente de relever et qui m’excite parce que c’est complètement nouveau pour le skate! Jamais je n’aurais pensé un jour parler d’aller aux Olympiques, et autant que ça n’a jamais été un but ou un rêve pour moi, autant maintenant, ce l’est!
Dis-moi Annie, qu’est-ce qu’un bon modèle LGBT? Peux-tu nous partager un peu ton histoire sur ce sujet?
Quand on est à l’aise de s’exposer comme personne LGBTQ, je trouve que c’est important de le faire pour montrer que ça existe et qu’il n’y a rien de mal à être qui on est. Personnellement, je ne me considère pas comme particulièrement militante à ce sujet, mais je n’ai pas peur de parler de ma blonde ou d’y faire allusion de manière naturelle dans une conversation. Je trouve ça important que les spectres d’orientations sexuelles ou d’identité de genres soient considérés comme « normaux », dans le sens où ce ne soit plus quelque chose de malaisant ou extraordinaire, marginal. En plus, souvent, les gens ont tendance à penser que c’est négatif. Quand les gens me voient, je veux qu’ils puissent se dire que si leur fille, leur meilleure amie, quelqu’un de leur famille ou même elle-même est lesbienne, ou whatever, qu’elle peut vivre une vie normale et surtout, être heureuse et épanouie, et c’est pourquoi j’en parle ouvertement, sans gêne. Si tu n’es pas content, c’est que je ne te veux pas dans ma vie anyways alors c’est gagnant-gagnant.
As-tu déjà été victime de discrimination dans ta carrière de skateuse en raison de ta sexualité ou ton identité de genre?
Pas vraiment. J’ai eu des commentaires du genre « les filles qui skatent sont toutes gouines » mais rien d’assez important pour être mentionné. Le fait que ce soit un préjugé dans le skate, c’est la seule chose qui m’a fait peur quand j’ai fait mon coming-out autour de 2015. Que les gens me disent « bon, une autre gouine! ». De confirmer le préjugé, ça me faisait peur, mais au final, à part quelques commentaires déplacés, on réalise vite que ça change rien pour personne.
Quels sont les défis auxquels font face les athlètes LGBTQ au Canada aujourd’hui?
Bonne question. Je ne connais que le domaine du skateboard donc je ne veux pas m’avancer trop, mais pour les filles dans le skate, c’est vraiment pas/pu un big deal, justement parce qu’on a eu de bons modèles en ce sens. Même chose chez les gars, on est chanceux d’avoir eu des pro skaters qui se sont affichés comme gais, dont Brian Anderson, et ça a fait beaucoup jasé, mais ça a provoqué la conversation qu’il fallait avoir dans la communauté du skate.
Comment vois-tu ton avenir et quels sont tes rêves que tu aimerais réaliser?
Pour l’instant, je focus sur les Olympiques de Tokyo 2020. Ensuite, on verra.
Quelle est ta chanson préférée à écouter avant la compétition?
Je n’en ai pas une en particulier, surtout juste avant de skater je préfère me concentrer sur le moment présent ! Mais dans les jours avant la compé, j’écoute genre du Beyoncé, qui me donnent de l’énergie et qui boost ma confiance.
Quels sont tes propres modèles dans la vie ? (en lien avec le skateboard ou non)
Mes parents sont les meilleurs modèles que je puisse souhaiter ! 12-Est-tu une femme spirituelle ou puis-je dire comment trouve tu ta force dans les moments difficiles ? J’aime bien méditer, faire du yoga et écouter des podcasts ou lire des livres sur le « mental toughness » ou la discipline pour les athlètes, la nutrition, etc. Je ne me considère pas comme « spirituelle » mais c’est définitivement important pour moi de me sentir bien, en forme et outillée pour affronter toutes les situations auxquelles je fais face, qu’elles soient positives ou négatives. 13-Il y a-t-il des choses que tu ne puisse supporter dans la vie ? Si oui, le ou lesquelles ? Les gens qui croient qu’ils sont tous seuls sur la planète. Je suis vraiment quelqu’un qui n’aime pas déranger et qui est très respectueuse des autres, et quand quelqu’un a l’air de se sentir tellement important qu’il se fout du bien-être des autres, ça me rend dingue.
En terminant, que pense tu de la quote Skate or die (Fais du skate ou meurs) ? Quelle est ta citation sportive préférée?
Je ne suis pas trop fan de l’expression Skate or Die. Même si le skate est l’activité la plus importante et la plus significative de ma vie et que je ne pourrais imaginer ma vie sans le skate, je ne pense pas que la mort soit la seule autre option. Le skate, c’est la plus grande partie de mon identité personnelle et professionnelle, mais j’aime trop la vie pour la restreindre au skate uniquement. Personnellement, ça n’a pas rapport mais j’aime bien la phrase : « happiness is a journey, not a destination ». Ça rappelle qu’il faut apprécier le moment présent, et aimer autant le processus que le résultat sinon on passe notre temps à courir après un mirage.
Crédits photo:
Photo de converture (haut): Dan Mathieu
Toutes les autres photos: Catherine Levesque
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