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Opération à cœur ouvert à 25 ans: le cheminement vers l’amour

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Cet essai fait partie de la rubrique mensuelle de Collective Culture. Écrit par Anna Akoto et édité par Bobbi Adair.

La première phase de quarantaine m’a donné l’occasion de ressusciter des passe-temps que j’avais abandonnés au profit de mon 9 à 5, dont la lecture. Je ne me rappelle pas la dernière fois où j’ai lu un livre pour le plaisir. En parcourant le site web de ma librairie locale, un livre avec une couverture rouge a attiré mon attention.

« Vous devez le lire. »
« Il transformera complètement votre vision de l’amour. »

Les incitations de mes anciens collègues me sont venues à l’esprit. Je me souviens très bien qu’ils m’ont dit de lire All About Love : New Visions par bell hooks il y a deux ans. Je suis gênée d’avoir mis autant de temps pour le lire, mais je l’ai quand même ajouté à mon panier et j’ai attendu patiemment qu’il soit livré chez moi.

L’amour a toujours été un mot compliqué pour moi. Je ne disais que très rarement « je t’aime » à mes parents. Je n’ai jamais connu I’amour avec un partenaire romantique. Je levais instinctivement les yeux au ciel quand j’entendais des gens dire « l’amour est la réponse » pour remédier aux injustices sociales. Je croyais que l’amour était une paire de lunettes roses que les gens mettaient de manière sélective pour excuser leurs méfaits et qu’ils enlevaient lorsqu’ils voulaient que leur vision redevienne claire.

Ce mot n’avait aucune signification pour moi, sauf si je parlais de nourriture, de musique live ou de Joshua, mon frère.

L’heure du bain par Mama Akoto

Sept mois plus tard, j’en suis enfin au dernier chapitre. Je n’aurais pas dû mettre autant de temps pour terminer ce livre, mais je devais le mettre de côté toutes les deux pages et réfléchir aux informations que je recevais.

J’ai commencé par apprendre que l’amour est un verbe. La définition de l’amour de M. Hooks est une citation directe de The Road Less Traveled par Scott Peck: « L’amour, c’est la volonté de se dépasser dans le but de nourrir sa propre évolution spirituelle ou celle de quelqu’un d’autre. »Je n’étais qu’à la page quatre et Hooks me mettait déjà au parfum.

L’amour, c’est la volonté de se dépasser dans le but de nourrir sa propre évolution spirituelle ou celle de quelqu’un d’autre.

Ce genre d’amour n’est pas quelque chose dans lequel on « tombe »; il est intentionnel. Il a une vision. Cette nouvelle compréhension me poussait à évaluer les relations que j’entretenais dans ma vie. Mes amis et ma famille favorisent-ils mon bien-être? Est-ce que je favorise le leur? J’ai alors réalisé que la seule relation d’amour réciproque dans ma vie était avec mon frère. Beaucoup de mes relations ne sont pas aimantes. On ne nous a pas appris à aimer, on nous a appris à prendre soin des autres.

C’est à ce moment-là que j’ai commencé une opération à cœur ouvert émotionnelle sur moi-même.

Comme beaucoup de gens, mes premières interactions avec la notion de soin ont commencé au sein de ma famille. En grandissant dans une famille ghanéenne, l’hospitalité était extrêmement importante. Comme la seule fille et l’aînée des enfants, c’était en quelque sorte mon droit d’aînesse d’apprendre à m’occuper des gens. Comprenez-moi, c’était et ça reste important. C’est ce qui a aidé mes parents à s’assurer qu’il y avait de la nourriture à manger, que les factures étaient payées et qu’un toit était au-dessus de ma tête, mais ce n’était pas de l’amour.

Bizarrement, cette révélation ne m’a pas attristée. Elle m’a apporté de la clarté. J’ai pu comprendre pourquoi mes besoins non tangibles, comme le soutien émotionnel et la stimulation de mon imagination, ont été négligés. J’ai pu comprendre pourquoi j’avais l’amour en horreur : on m’avait appris la mauvaise définition.

Cette révélation m’a permis de réorienter ma démarche. Dotée d’une perspective nouvelle, j’ai décidé que les relations que j’avais, et que je souhaitais avoir, requéraient cette nouvelle approche.

Plusieurs facteurs influencent notre capacité à recevoir et à donner de l’amour, particulièrement l’amour romantique. Je n’ai d’autre choix que d’être consciente de la façon dont ma race et mon genre jouent un rôle sur la manière dont les hommes me traitent. Le patriarcat permet aux gens de me considérer comme une subordonnée. La suprématie blanche est la source du racisme, du colorisme, du colonialisme, de l’impérialisme et de plus encore. En tant que fxmme noire à la peau foncée, le patriarcat et la suprématie blanche travaillent de concert pour me priver de tout amour.

Je me souviens distinctement d’un appel sur FaceTime avec un homme que je fréquentais. durant lequel il m’a décrit le type de femmes qui l’attiraient : « Cette fille est tellement belle. J’adore les cheveux frisés. » Alors qu’il me montrait des photos de femmes qu’il trouvait jolies, je n’ai pu m’empêcher de constater qu’elles partageaient toutes le même look : une peau noire claire et une grande tignasse bouclée. Ce n’était pas moi.

De tels moments m’ont conduit à fermer la porte à la recherche de l’amour romantique. J’avais l’impression que si je continuais à sortir avec des hommes, je succomberais à l’idée de changer ou de cacher des parties de moi pour être intéressante aux yeux de quelqu’un. Dans le chapitre 10, Romance: Sweet Love, M. Hooks déclare simplement que si nous échouons dans l’amour romantique, c’est que nous n’avons pas appris l’art d’aimer. J’ai dû prendre du recul et évaluer où je me trompais. J’ai réalisé que je n’étais pas honnête envers moi-même quant à mon désir de vivre un véritable amour romantique, car je craignais que le type d’homme que je voulais ne veuille pas de moi. Triste constat.

Si je voulais que ma vie soit remplie d’amour à tous égards — ma famille, mes amis, ma vie sentimentale, ma carrière — j’avais besoin de croire que je méritais l’amour. J’avais besoin de me donner l’amour dont j’avais envie et que je donnais parfois aux autres. Cela signifiait être honnête, revendiquer ce qui est juste, m’accorder du repos et assumer la responsabilité de mes erreurs. Cela signifiait également d’être engagé et de valoriser le respect et la confiance. Créer un code de déontologie fondé sur l’amour et la compassion et établir une communauté avec des personnes qui partagent les mêmes valeurs — c’est la solution pour créer un environnement où l’amour peut s’épanouir.

Il n’est pas facile de vivre une vie d’amour. Regardez autour de vous, le dysfonctionnement et l’exploitation sont devenus choses courantes. Chaque fois que j’entends qu’une autre personne de race noire a été assassinée ou que les moyens de subsistance des autochtones continuent d’être menacés, je ne peux m’empêcher de ressentir un sentiment de désespoir. Nous critiquons les gens qui « se soucient trop des autres ». Nous réduisons au silence les personnes qui disent la vérité. La responsabilité? C’est quoi ce truc?

Mais l’amour est radical — et un travail essentiel. Ma question est donc la suivante : êtes-vous prêt à faire ce qui est nécessaire?

À propos de l’auteure

Anna Akoto est une créatrice de contenu de Toronto. Si elle n’est pas en train de cuisiner pour se distraire de son stresser ou de regarder un match de football universitaire, elle est probablement en train d’enregistrer sa baladodiffusion: so these are my twenties. Anna est également la coordinatrice numérique pour Collective Culture, une plateforme qui privilégie les voix PANDC par le développement et la programmation du contenu.

Instagram: @anna_akoto

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