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Une histoire d’amour

Écrit par

Collective Culture
mai 10th, 2021

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Rédaction par : Keesha Chung

Édition par : Anna Akoto et Jazmin Batey

Remerciements particuliers à : Lloyd Richards et Alice Ustinova

Trois femmes ont forgé ma compréhension de l’amour, de la confiance et de la gentillesse. Ma mère, ma tante (sa sœur) et ma grand-mère maternelle.

Je suis très proche de ma mère. Pendant de nombreuses années, nous étions seules contre le monde. Nous faisions tout ensemble. À ce jour, elle reste mon univers.

« Ta mère a toujours voulu des enfants, m’a dit ma tante. Elle savait qu’elle allait avoir une fille, et je savais qu’elle allait avoir une fille. Elle a mis tout ce qu’il y avait de beau et de positif en toi. Quand elle t’a eu, c’est devenu son seul but. Il y avait beaucoup d’amour pour toi pour quand tu es née. »

Enfant, j’ai toujours ressenti cet amour venant de toutes parts.

Ma mère est une femme formidable. Elle est honnête, intelligente et la personne la plus sensible que je connaisse. Ma grand-mère avait l’habitude de lui dire « tu y arriveras, mais veille à protéger ton cœur ». Le sens moral de ma mère la dirige, et sa compassion et son amour pour les autres sont inspirants. Cela m’épate de penser qu’elle peut incarner toutes ces qualités, même après avoir vécu des pertes aussi importantes à un jeune âge.

Quand elle avait 16 ans, son grand frère est mort subitement. Quand elle avait 22 ans, sa mère est morte d’un cancer du sein. Elle était la deuxième aînée d’une famille de cinq enfants, et était maintenant l’aînée de quatre enfants. Le deuil a façonné son caractère dès son plus jeune âge et je n’en ai jamais compris la portée jusqu’à récemment.

 Je me suis récemment assise avec ma mère et ma tante pour parler de ma grand-mère. « Il est difficile de prendre toute une vie, coupée en deux, et de la résumer en une seule pensée, a dit ma tante. Mais ta grand-mère était authentique. Elle était toujours optimiste. Mes frères et sœurs et moi avons la chance de ne pas avoir eu un parent avec beaucoup de défauts. Quand elle est morte, nous n’avons pas eu à guérir d’une mauvaise relation. C’était une personne vraiment bonne. Elle rendait les gens heureux, et les gens voulaient être autour d’elle. »

« Quand j’étais au secondaire, a dit ma mère, mon amie Mary est tombée enceinte. Après la mort de ta grand-mère, Mary m’a dit qu’elle viendrait chez nous pendant ses temps libres. Je lui ai demandé pourquoi. Elle m’a dit qu’elle aimait passer du temps avec ta grand-mère. Et que lorsqu’elle avait décidé d’interrompre sa grossesse, c’est ta Grand-mère qui l’avait emmenée. » J’ai demandé à ma mère si Grand-maman lui en avait déjà parlé. Elle a secoué la tête, non.

Dans sa brève vie, ma grand-mère a tissé des liens très durables avec les gens. Ma mère a souligné qu’elle accordait beaucoup d’importance à la famille et au fait de prendre soin d’elle. Ma tante reste émue par les grandes amitiés de ma grand-mère. « Elle pouvait parler à n’importe qui. Les personnes dont elle était proche, leur complicité était très étroite. Très affectueuse. La façon dont elles parlaient ensemble, l’ambiance, était authentique. »

Après le divorce de mes parents quand j’avais deux ans, j’ai vécu avec ma mère et ma tante pendant quatre ans. Pendant mon enfance, ma mère était la seule de ses amies à avoir un enfant. J’ai passé la majeure partie de mon adolescence avec des adultes. « Mon but était de m’assurer que tu te sentes toujours aimée, soutenue, en sécurité et désirée. Tu étais ma priorité. » J’ai eu beaucoup de soutien en grandissant. Et pas seulement de ma mère, mais aussi des gens dont elle m’entourait. Ses amis étaient notre famille choisie.

Quand j’avais sept ans, j’ai fait un voyage à la Barbade avec ma mère et ses amies. Nous y sommes allées pour célébrer le nouveau millénaire.

J’ai habituellement très mauvaise mémoire, mais j’ai toujours des souvenirs très nets de ce voyage. Aller chez le marchand au bord de l’océan pour acheter des beignets de poisson, jouer sur la plage et faire des sirènes de sable, regarder le dernier coucher de soleil de 1999. Ce voyage était un témoignage de la confiance que ma mère accordait aux personnes qu’elle avait choisi de garder près de nous. À la remise des diplômes du secondaire, j’étais celle avec une rangée entière de famille et d’amis criant mon nom au moment d’accepter mon diplôme.

J’ai toujours été bien épaulée. En tant qu’adulte, l’ampleur de cette chance ne m’échappe pas. Des souvenirs comme la Barbade ont défini mon enfance. J’ai vu ma mère et ses amies se soutenir et s’encourager dans les moments difficiles et se réjouir dans les moments de gloire. J’étais une éponge qui absorbait les relations qui m’entouraient. J’ai appris l’amour à travers sa façon de me traiter et à travers la façon dont notre famille choisie se traitait mutuellement. Dès mon plus jeune âge, j’ai été aux premières loges de relations authentiques, saines et aimantes.

Tout ce que ma mère faisait à mon égard était intentionnel, aussi bien les personnes qui m’entouraient que les mots qu’elle utilisait. Quand j’étais plus jeune, elle faisait rarement des promesses. Elle disait plutôt : « Je ne vais pas te faire de promesse sans savoir si je peux la tenir, Keesha. Ce que je peux faire, c’est faire de mon mieux ». Enfant, je trouvais cela incroyablement frustrant parce que 90 % du temps, elle réussissait à faire ce qu’elle essayait d’accomplir. Avec du recul, cette pratique a placé la barre très haut en ce qui concerne la confiance. Elle m’a appris à me méfier des personnes qui ne tiennent pas leur parole. Ma mère m’a appris que l’intégrité est quelque chose que l’on ne peut apprendre que par l’action. Et je ne peux m’empêcher de voir ma grand-mère dans ces leçons.

J’ai toujours voulu avoir une sœur. Je pense que c’est pour cela que j’ai toujours aimé voir la relation entre ma mère et ma tante. J’ai toujours été incluse dans leur relation sans jamais avoir l’impression de m’imposer. Au contraire, je faisais partie de leur relation. Ma tante est comme une seconde mère pour moi. Elle ne m’a jamais traitée comme si j’étais trop jeune pour comprendre quoi que ce soit. Elle m’a toujours fait confiance et m’a respectée en tant que personne, peu importe mon âge.

Quand j’étais petite, ma mère me coiffait un dimanche sur deux. Et j’avais BEAUCOUP de cheveux. Enfant, je détestais ces séances. J’avais mal à la tête, cela prenait des heures et je ne pouvais pas trop bouger. Parfois, ma tante la secondait ou me coiffait à la place de ma mère. Avec du recul, je me rends compte que ce sont mes meilleurs souvenirs avec ma mère et ma tante. Je regardais des films avec elles et je les écoutais bavarder et discuter avec leurs amis. Je faisais partie du groupe. J’étais traitée comme la petite sœur dont tout le monde prenait soin.

Comme moi, ma mère a toujours voulu une sœur. Entre elle et ma tante, ma grand-mère a eu deux fils. « Je voulais tellement une sœur que lorsque ton plus jeune oncle est né, je ne voulais rien avoir à faire avec lui, ma mère m’a dit. Quand ta tante est née, elle était mon bébé. Je la baignais, la nourrissais, l’emmenais partout avec moi. Elle était à moi. » Penser à elles enfants fait sourire mon cœur. « Ta mère a toujours été très maternelle, ma tante a dit. Elle me traitait comme son égale. Comme sa sœur, sa petite dame. »  Je ne pouvais pas m’empêcher de voir ma relation avec ma tante se refléter dans ces sentiments.

Depuis un an, je pratique activement la gratitude. J’honore ce que signifie de reconnaître tout ce que j’ai, en particulier les personnes qui font partie de ma vie. Les personnes qui sont parties et celles qui ont toujours été là. Pratiquer la gratitude m’a permis de repenser à des moments de mon enfance avec plus de grâce et de compréhension.

Pour moi, la fête des Mères n’est pas seulement un jour où je célèbre ma mère. C’est le moment de reconnaître l’énergie aimante qui a marqué mon enfance et ma vie d’adulte. La façon dont la gentillesse, la stabilité et la sagesse m’ont été transmises. C’est un jour pour reconnaître les différents types de relations dont j’ai eu le privilège d’être témoin et de connaître. Toutes ces choses n’auraient pas été possibles sans ma grand-mère et les leçons qu’elle a transmises à ma mère et à ma tante.

Même si je n’ai jamais rencontré ma grand-mère, je la connais. Je la vois dans ma mère, ma tante, dans la gentillesse et les conseils qu’elles m’ont prodigués. Je la vois dans la façon dont elles interagissent avec moi. Dans les rires que je partage avec elles et les souvenirs que nous avons créés. Je sais qu’elle est avec nous. Son essence est gravée dans chaque fibre de notre lien.

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