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La marche pour le climat de Montréal a battu des records mondiaux, mais quelle est la suite ?

Écrit par

Emma Dora Silverstone-Segal
octobre 9th, 2019

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Le 27 septembre 2019, plus de 600 000 personnes se sont rassemblées au pied du Mont-Royal pour se joindre à des millions d’autres personnes dans 170 autres pays du monde, ainsi qu’à Greta Thunberg, la jeune et inspirante militante suédoise de l’environnement à l’origine d’un nouveau mouvement de grèves hebdomadaires mondiales pour le climat connues comme les vendredis pour le futur.

La foule était calme et joyeuse et, même en étant au centre de l’action, je n’avais pas l’impression de me trouver parmi une foule aussi nombreuse ; les manifestants étaient si calmes, posés et soucieux de l’espace personnel de leurs voisins. Tous semblaient heureux d’être à l’extérieur et de profiter d’une journée d’automne parfaitement ensoleillée en brandissaient de magnifiques pancartes ressemblant plus à des œuvres d’art qu’à des symboles de protestation suppliant les dirigeants mondiaux de se réveiller et d’amorcer un changement. Le fait d’être entourée d’un demi-million de personnes tout aussi inquiètes de ce à quoi la terre pourrait ressembler dans 10 ans était réconfortant, comme une petite lueur d’espoir.

Je n’ai pas atteint la fin du parcours, où Greta attendait que tout le monde fasse son discours, mais je l’ai vu en direct sur le Web. Allongée sur mon canapé avec un joint entre les lèvres, j’ai été émue jusqu’aux larmes par ses paroles : « Nous ne sommes pas à l’école aujourd’hui, vous n’êtes pas au travail, parce que c’est une urgence, et nous ne resterons pas de simples témoins. Certains pourraient dire que nous gaspillons du temps d’enseignement. Nous disons que nous changeons le monde. Ainsi, quand nous serons plus vieux, nous serons capables de regarder nos enfants dans les yeux et de leur dire qu’à l’époque, nous avons tout fait. »

Je suis devenue déprimée à la fin de son discours ; ses paroles m’avaient fait prendre conscience de la gravité, de l’urgence de la crise écologique que nous vivons actuellement. J’étais triste de constater que si la vie quotidienne de chaque être humain ne commence pas très bientôt à changer radicalement, je devrai sans doute regarder mes enfants souffrir alors que le monde tel que nous le connaissons s’écroule autour d’eux. Je pourrai au moins étouffer ma culpabilité lorsque je les tiendrai dans mes bras, les regarderai profondément dans les yeux et leur dirai que j’ai fait tout ce que j’ai pu.

Au même moment, j’ai tendu la main pour caresser la tête de mes chats en quête d’une forme de réconfort, mais je suis redevenue triste. Triste pour chaque animal qui disparaît à un rythme de plus en plus rapide. Triste pour nos splendides océans qui représentent 71 % de la surface de notre terre et qui se meurent parce que nous les empoisonnons avec nos déchets trop abondants et les plastiques non biodégradables. Triste pour les arbres qui nous donnent de l’oxygène et la vie, qu’on arrache du sol et brûle à blanc au nom de la croissance économique et du gain financier.

Ce vendredi-là, je suis restée chez-moi et je me suis couchée tôt.

Le lendemain de la marche, il a plu. L’énergie électrisante de la manifestation semblait fondre sous les gouttes. Tout semblait redevenir normal. Cela m’a donné un sentiment de malaise, dont je n’ai pu me défaire durant tout le week-end. Bien que la marche ait été un événement historique et que j’avais l’impression de faire quelque chose d’utile, d’être enfin entendue et de faire une différence, je ne cessais de me demander ce que nous avions vraiment accompli ce jour-là ? Qu’est-ce que ça avait vraiment changé ? Qu’allait-il se passer maintenant ? J’avais même l’impression que la marche avait été noyée par la machine médiatique et qu’elle était déjà considérée comme chose du passé. Justin et Hailee Bieber s’étaient mariés, l’éventuelle destitution du président américain Donald Trump faisait couler beaucoup d’encre et notre premier ministre Justin Trudeau, qui vendredi après-midi avait manifesté à Montréal à nos côtés, réaffirmait lundi matin son intention d’augmenter la fracturation dans les Prairies et d’aller de l’avant avec la construction de son oléoduc Trans Mountain.

Je me suis dit qu’il y aurait au moins une autre marche ce vendredi, et peut-être tous les vendredis par la suite, jusqu’à ce que quelque chose change vraiment. Mais les gens viendraient-ils toujours sans Greta ? La mairesse de Montréal encouragerait-elle encore la fermeture des écoles et des demi-journées au bureau sans qu’une couverture médiatique mondiale ne soit présente ce vendredi ? Je me demandais si les gens se rassembleraient encore en grand nombre, même si Justin Trudeau n’était pas à nouveau de la partie.

J’ai cependant retrouvé la foi le mardi 1er octobre, lorsque j’ai décidé de donner suite à l’invitation de David Suzuki d’assister au lancement de sa tournée Climate First à Montréal aux côtés de Stephen Lewis et Buffy Sainte-Marie. En arrivant au théâtre ce soir-là, j’étais persuadée qu’il n’y aurait pas beaucoup de monde à cause du mauvais temps d’une autre nuit extrêmement pluvieuse. J’ai été agréablement surprise, car le théâtre du Rialto sur l’avenue du Parc était plein à tel point que des spectateurs se tenaient même debout à l’arrière ; chaque place était prise.

Les gens se préoccupent encore de la question. Les gens ont compris qu’il s’agit d’une véritable urgence. J’ai ressenti ce même sentiment chaleureux, cette lueur d’espoir réconfortante, que nous avions encore une chance d’avoir un avenir décent.

Ce que j’ai retenu du panel ce soir-là, c’est que tous les contes de fées qui ont été inventés sur la croissance économique infinie sont des mensonges. Comment peut-on avoir une croissance économique infinie dans un endroit aux ressources limitées ? Nos dirigeants politiques privilégient constamment la valeur de l’économie à celle de la nature et des ressources naturelles. Ils considèrent la dégradation environnementale et la perte de nature comme un dommage collatéral, une étape nécessaire pour maintenir une économie saine et en croissance. Les politiciens font de l’économie une priorité absolue ; au-dessus de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons et du climat qui régule toute vie sur terre. Pensez-y un instant.

Mais j’ai quitté le Rialto ce soir-là avec autre chose. Quelque chose que je pourrais faire physiquement pour essayer d’apporter un vrai changement. Mon droit de vote. Voter intelligemment. Voter pour faire du Canada le chef de file en matière de climat qu’il prétend ardemment être.

Je dois admettre que j’ai toujours pensé que tous les politiciens sont corrompus dans une certaine mesure et que j’ai l’habitude à voter pour les Libéraux par défaut ou par paresse et d’oublier carrément de voter. Mais lors de cette élection, je ferai tout ce que je peux pour m’assurer que nous élisions le bon représentant, car la seule façon de changer le processus décisionnel de nos dirigeants mondiaux, c’est de changer les dirigeants eux-mêmes.

That night, David Suzuki said, that “one of our species most powerful evolutionary advantages has been the ability to use experience and knowledge to recognize hazards and opportunities, and deliberately act to avoid danger and exploit opportunities. Foresight has been a critical part of our survival since the beginning of time. We gained experience, that allowed us to project the consequences of what we do into the future. Foresight has been a critical part of our survival since the beginning of time”.

We need to use this foresight, this survival instinct, now, as we let the age-old arguments between the liberals and conservatives fade into the past, and come together and elect the best leader to help save the earth, all of us and the future.

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