OK LÀ: musique expérimentale et cinéma performatif
OK LÀ est une série d’événements à Montréal consacrés à la diffusion de la musique expérimentale et du cinéma performatif. NVA collabore avec ce collectif pour amener le légendaire musicien ambient et collaborateur de Brian Eno Laraaji à Montréal pour une Méditation du Rire et une performance live. Nous avons discuté avec OK LÀ pour en savoir plus sur ce qu’ils font et qui ils sont.
Qu’est-ce que OK LÀ? Quelle est la mission ou la philosophie de l’organisation?
Michaël & Charles-André : La mission d’OK LÀ est simple. Sans se prendre trop au sérieux, on désire diffuser et faire découvrir à un plus large public de la musique expérimentale qui peut prendre plusieurs formes (instrumentale, électronique, ambiante, etc) ainsi que la pratique cinématographique analogique. Concrètement, pour y arriver, nous présentons une série de concerts extérieurs gratuits dans un lieu unique à Verdun. Nous invitons des musiciens, mais aussi des cinéastes qui travaillent sur support pellicule pour projeter live avec des musiciens. Nous nous assurons d’avoir tous les éléments en place pour créer une ambiance chaleureuse à nos évènements, qui met en valeur les artistes que l’on invite à jouer. L’idée ce n’est pas d’aller présenter Forma ou Sam Shalabi à la vente trottoir de Verdun avec la fermette d’animaux à côté.
Quand est né OK LA et qui est derrière le projet?
Charles-André : OK LÀ est né à l’été 2017. Je venais de déménager à Verdun et Michaël, qui réside à Verdun depuis 6 ans, me parlait de son envie d’organiser quelque chose se spécial pour le quartier. On a donc décidé de contacter des amis de la scène musicale indépendante montréalaise pour voir s’il serait intéressé à venir jouer à Verdun…
Michaël : Puis, nous avons décidé de proposer le projet aux instances municipales, afin d’avoir un minimum de fonds pour assurer la tenue de l’évènement tout en restant gratuit pour le public. Nous avons proposé une série de concerts décomplexée et différente de ce qui se fait dans les autres arrondissements. La ville nous a supporté dès le début du projet et donné carte blanche pour monter une programmation un peu plus à gauche.
Charles-André : Il y avait aussi, dans une certaine mesure, l’envie de reproduire un contexte de concerts similaires à d’autres expériences passées à Montréal, qui pour ma part, m’avait beaucoup marqué et que je ne retrouvais plus dernièrement. Je pense aux soirées dans le Parking Lot de l’hotel2tango, au Weekend in The Pines au studio de David Bryant ou encore aux soirée organisée par le collectif Kabane 77, près du Champ des possibles.
Comment choisissez-vous les artistes avec lesquels vous travaillez?
Michaël : Nous voulons faire découvrir des artistes de tous horizons, mais principalement des artistes expérimentaux et instrumentaux qui manquent de lieux et d’opportunités pour performer. Ce type d’offres est beaucoup plus abondantes en Europe et nous voulons servir de pont et facilitateur pour des artistes étrangers qui veulent venir performer en Amérique du Nord.
Charles-André : C’est également important de mettre de l’avant des artistes locaux, de créer le plus possible un certain sentiment de communauté. Les genres de musique varient, ne se ressemblent pas nécessairement, mais j’ose croire que les démarches artistiques se font échos, créent un tout cohérent.
Comment est née la série d’événements au Stationnement Éthel à Verdun?
Michaël : Nous avons étudié plusieurs emplacements, mais l’arrondissement de Verdun nous avait mis la puce à l’oreille que le Stationnement Éthel était visé pour certains événements culturels à venir alors nous avons sauté sur l’occasion. Le lieu est unique et la vue sur le centre-ville y est à couper le souffle.
Pourquoi pensez-vous qu’il est important de développer des projets musicaux en dehors de l’axe Plateau / Mile-End, et comment OK LÀ y contribue-t-il (via les événements de Verdun par exemple)?
Michaël : Nous ne voulons pas faire la morale à personne ni prendre notre mission trop au sérieux, mais il fait simplement du bien de pouvoir aller voir des concerts dans d’autres lieux que des salles de concerts traditionnelles. Le Mile End/Plateau sont des quartiers où les offres culturelles pullulent, mais pour ceux qui veulent vivre une expérience différente dans un lieu un peu moins trendy, la série de concerts OK LÀ est superbe.
Charles-André : L’an dernier, un voisin de chez moi à Verdun, a assisté à la performance Unzip Violence de Karl Lemieux, Roger Tellier-Craig et Alexandre St-Onge. C’est une performance qui mêle projections 16 mm composé d’images abstraites et musique bruitiste, noise par endroit. Ce voisin qui ne connaît rien à ce genre de musique est tombé sous le choc. Il venait de découvrir des artistes montréalais qui faisaient un « art » totalement inconnu pour lui. C’est ce que je trouve trippant en organisant la série à l’extérieur des lieux traditionnels de la scène « underground ». On peut faire découvrir des façons plus singulières de concevoir la musique ou le cinéma à un public moins averti tout en offrant quelque chose de différents aux habitués du genre.
Quels sont des défis et les réussites qu’a eu OK LÀ à date?
Michaël : Pour l’instant tout se déroule très bien et nous avons eu beaucoup de chance. Les artistes se prêtent au jeu et nous avons déjà sur une belle liste d’artistes que nous aimerions voir à Verdun en 2019. À suivre…
Parlez-nous des zines que vous créez: pourquoi les zines sont-ils pertinents aujourd’hui et sur quoi porte le vôtre?
Michaël : Hugo Jeanson et moi avons brainstormé à quelques reprises sur le projet. Nous sommes en quelque sorte fascinés et mystifiés par l’esthétique et les propos véhiculés dans les vieux fanzines québécois des années 70. Les thèmes de cette première édition étaient plutôt ésotériques et nous voulions encourager les gens à prendre le temps de ne rien faire pour un instant. Le flux d’informations sur les réseaux sociaux est étourdissant et nous voulions offrir une petite pause. Simplement.
Charles-André : J’ajouterais qu’on souhaite donner à OK LÀ différentes formes artistiques et le zine cadrait parfaitement dans cette idée-là. Ce n’est que le début…
OK LÀ a un style graphique unique, pouvez-vous nous parler de votre identité visuelle et avec qui travaillez-vous pour les graphiques?
Michaël : L’identité visuelle d’OK LÀ est effectivement très importante. Le logo a été fait par Braulio Amado, un artiste portugais vivant à New York dont j’adore le travail. Je ne le connaissais pas personnellement, mais j’ai pris la chance de le contacter par courriel et voilà, nous travaillons d’ailleurs ensemble sur d’autres projets à venir. Les affiches OK LÀ ont été confectionnées par Florian Pétigny. On adore son travail et sa participation est cruciale au bon rayonnement de la série de concerts.
Qu’est-ce que les gens devraient attendre avec impatience pour la programmation OK LÀ de cette saison (faits saillants, nouveaux artistes à surveiller, etc.).
Michaël : Je suis honnêtement excité par toutes les soirées qui s’en viennent cet été, mais j’avoue avoir particulièrement hâte aux performances de Laraaji, Simon Trottier, Loscil, Forma, Sarah Davachi, Kara-Lis Coverdale, Byron Westbrook, Sam Shalabi, Seulement, Émilie Payeur, Raha Raissnia, Bruce McLure, Sarah Pagé.
Charles-André : Comme Michaël je suis vraiment fier des artistes que l’on présente cette année. Je mettrais tout de même l’accent sur deux projets qu’on ne verra pas souvent en ville. La cinéaste Raha Raissnia viendra performer pour la première fois à Montréal le 19 ami avec le musicien Panagitois Mavridis. Elle vient avec ses projecteurs diapositives 35mm et ses films 16mm, je crois que ça sera assez unique. Puis, le 14 juillet, la légende du cinéma expérimental Bruce McClure viendra présenter sa performance « The cyclops ». Il modifie en direct le son d’un projecteur 16mm avec des pédales de guitare et la lumière émise par le projecteur pour créer des effets de flickers assez hallucinants.
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