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Preston Buffalo (entretien avec l’artiste)

Conservatrice Jordan King s’est entretenue avec l’artiste Preston Buffalo au sujet de l’exposition actuelle de Preston, Digitizing Indigeneity, qui fait partie de la saison printemps 2021 de Never Apart.

Preston Buffalo est un Cri bispirituel vivant sur des terres non cédées appartenant aux Salish du littoral en Colombie-Britannique. Sa pratique interdisciplinaire utilise la photographie, la gravure, l’illustration numérique et la sculpture afin de créer des représentations visuelles d’iconographie et de symbolisme autochtones personnels qui explorent divers enjeux tels que la dépendance et la perte de langue et de culture.

Sa quête de connexion le mène souvent à la rencontre d’identités composées.

 

Iconography Mural (Murale iconographique)

Preston considère cette œuvre comme un aperçu de son portfolio. « On y trouve tout le symbolisme et les icônes que j’ai créés moi-même ou qui figurent dans mon travail. » Les membres du public qui scannent le code QR que Preston a discrètement inséré dans l’œuvre seront dirigé·e·s vers son site web pour en savoir plus à son sujet.

 

Big Chief Apple box (Caisse de pommes Big Chief Apples)

Preston a créé cette œuvre en réponse à une insulte à laquelle il a été personnellement confronté en tant qu’enfant d’une mère de race blanche et d’un père autochtone. Elle traite de la violence latérale qui prévaut dans la culture indigène : rouge à l’extérieur et blanche à l’intérieur, une « pomme » est une insulte utilisée par des membres des Premières Nations à l’égard d’autres autochtones qui, selon eux, sont trop intégrés culturellement dans la société caucasienne.

Preston explique avoir voulu illustrer cette réalité : « J’ai appris qu’il existait une entreprise dans les années 1930 appelée Big Chief Apples. C’est leur logo actuel, mais je l’ai personnalisé et j’y ai ajouté mes propres pommes. J’ai ensuite fabriqué la boîte de pommes et chaque pomme individuelle. Certaines d’entre elles sont blanches avec du rouge à l’intérieur. Certaines d’entre elles paraissent plus rouges que blanches, mais elles se fondent toutes ensemble. Des syllabes cries sont tracées sur les pommes, les syllabes étant la langue écrite des Cris des Plaines après la colonisation. Certaines pommes sont opaques et d’autres sont translucides. Certaines ont une texture molle et d’autres sont dures, mais elles sont toutes endommagées d’une manière ou d’une autre. »

 

Syringe Motif (Motif de seringue)

Preston a été mandaté pour créer le nouveau logo d’un programme autochtone de désintoxication et de rétablissement basé à Vancouver, afin de donner une nouvelle image à son matériel de réduction des méfaits. Preston a créé cette seringue en utilisant des éléments iconographiques autochtones, sans savoir si les responsables du programme allaient l’utiliser. Ils l’ont fait et Preston a ressenti un lien avec la pièce et avec l’idée qu’une seringue et la réduction des méfaits puissent être abordées sous un angle autochtone.

 

Muskwacis Auto Wreckers (Démolisseurs d’automobiles Muskwacis)

Cette série de photographies percutantes en noir et blanc met en scène le paysage près d’Edmonton où Preston a vécu pendant son enfance. Il a quitté la région à un jeune âge et n’y est retourné que rarement pendant son enfance, avant de partir vivre en Colombie-Britannique à l’adolescence. Ces images ont été captées près de la propriété de son père, lors d’une visite en 2020. « C’était la première fois que j’y retournais depuis 18 ans. J’ai fait le tour de la propriété et je suis tombé sur ces voitures abandonnées. » Les restes accidentés de ces véhicules ont un aspect squelettique, mais pourraient être des sculptures sur des champs herbeux. Le paysage est paisible, et adulte, Preston le voit avec un regard neuf.

 

Eddie Curtis Selfies (Égoportraits de Eddie Curtis)

Edward Curtis était un photographe américain qui a réalisé des portraits de peuples autochtones dans l’ouest des États-Unis au tournant du 19e siècle. On sait maintenant qu’il théâtralisait ses portraits si les sujets ne lui semblaient pas assez autochtones, en leur ajoutant notamment des perles ou plus de plumes. Preston a modifié ces photos vieilles de 100 ans, les apparentant à des égoportraits modernes, et encourage le public à s’interroger : ces photos auraient-elles pu être prises par les sujets eux-mêmes, ayant eu accès à la technologie moderne?

 

“…but I dont want to smash my head in …” (« …mais je ne veux pas me fracasser la tête… »)

Prise au début du 20e siècle, cette image du domaine public représente le précipice à bisons Head-Smashed-In près de Fort McLeod en Alberta. Bien qu’il ne s’agisse pas exactement du lieu d’origine de la tribu de Preston, la région est assez proche géographiquement, et le buffle (buffalo en anglais) est l’homonyme de la famille de Preston. Dans cette œuvre, on peut voir une ruée d’icônes et de symboles figurant dans les œuvres de Preston se dirigeant vers le bord du précipice à bisons Head-Smashed-In. Un buffle blanc solitaire, avec un soupçon de rouge sur les contours, regarde de côté. L’ambiance sonore est un enregistrement sur cassette du groupe de chant Pow-wow The Pigeon Lake Singers, dont le père de Preston était membre.

 

Rainbeau

Ces autoportraits sérigraphiés, numérisés et augmentés, ont été recouverts de collages, de Sharpie, de peinture et de transferts thermocollants.

 

Rattles (Hochets)

L’Université d’art et design Emily Carr (ECUAD), où Preston prépare actuellement son baccalauréat en beaux-arts, propose un programme de pratiques matérielles crédité visant à rapprocher les étudiants des arts et de l’artisanat traditionnels de leurs origines. Le lieu de rassemblement autochtone de l’ECUAD a assemblé des boîtes de pratiques matérielles pour que les étudiants autochtones les emportent chez eux pendant la pandémie. C’est ce que Preston a utilisé pour créer ces hochets, ainsi que des cheveux synthétiques et les anneaux qui y sont attachés. Il est intéressant de noter que l’artiste a intentionnellement rendu ces hochets silencieux.

 

 

 

 

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