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15 questions avec Candis Cayne: Honey Dijon

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J’ai rencontré Honey Dijon au début des années 90 grâce aux incroyables clubs de New York qui ont rassemblé tant d’artistes étonnants venant des quatre coins du monde.

New York était un endroit révélateur et peu importe votre raison d’y être, elle faisait ressortir le meilleur de vous (en passant à deux doigts de vous tuer…) et montrait au monde entier ce que vous étiez destiné à être. On pourrait dire la même chose de Honey : elle était DESTINÉE à être musicienne, son cœur et sa musicalité sont sans pareil. Elle entrait et sortait de nos vies, une boute-en-train qui travaillait toujours d’arrache-pied. Même maintenant, nous pouvons nous revoir après une longue période et reprendre là où nous nous sommes laissées, en parlant sans fin, heureuses de nous retrouver. Nous finissons toujours par nous croiser dans les endroits les plus aléatoires et j’adore ça! Je suis émerveillée par sa carrière, son talent, son dévouement à sa musique et maintenant par sa ligne de vêtements HONEYFUCKINGDIJON. J’espère que vous aimerez mon entretien avec Honey. xoxo

1. Ta carrière s’étend sur plus de deux décennies. Comment es-tu devenue DJ et que t’a-t-il fallu pour avoir une telle longévité et un tel succès dans l’industrie?

Je suis devenue DJ par la force des choses. Quand j’ai quitté Chicago, je n’entendais pas de musique à New York présentée de la même manière que chez moi. J’ai donc commencé à faire du DJing parce que je voulais continuer à transmettre les leçons que j’avais apprises. Et, le fait de vivre à New York et de travailler dans l’instabilité du nightlife confère une résilience que l’on ne peut acquérir nulle part ailleurs. C’est vrai ce qu’on dit, si vous réussissez à New York, vous réussirez partout. C’est une ville où on est jetable pour tant de gens, à moins d’avoir quelque chose à offrir et de faire entendre sa voix — le lieu idéal pour apprendre comment atteindre une certaine longévité !

2. Nous voulons savoir sur quoi tu travailles actuellement et comment la Covid-19 l’affecte.

D’une drôle de manière, la Covid m’a donné l’occasion de réfléchir à ce qui est important dans la vie (la santé, la famille, un coussin financier et une maison confortable) et m’a permis de travailler à la finition de mon deuxième album d’artiste et de me concentrer sur ma marque HONEYFUCKINGDIJON avec Comme Des Garçons. C’est certainement une période difficile pour nous tous, mais j’ai été incroyablement productive.

3. Qui sont tes influences majeures?

Grace Jones est ma plus grande influence. Elle est l’exemple même d’une artiste unique et brillante qui évolue entre l’art, la musique, la mode et les arts de la scène. Grace était intransigeante et féroce. Je dirais également la scène artistique de l’East Village entre 1980 et 1983. Quelle époque magique à New York.

4. Quelles sont tes passions en dehors du travail?

La cuisine et l’exercice. Pendant cette pandémie, j’ai vraiment perfectionné mes compétences en matière de cuisine à base de plantes et j’ai fait plus attention à ma santé. Plus on vieillit, plus on en réalise l’importance, car on ne peut rien faire si on n’est pas en bonne santé!

5. La mode occupe une place importante dans ta vie. Comment décrirais-tu ton style?

J’adore ce qui est chic et a de la dégaine. Les années 70 et 80 m’attirent vraiment, quand la mode était plus élitiste et avait un rapport avec les contre-cultures, qu’il s’agisse de la libération des femmes, du mouvement des droits des homosexuels, du disco, du punk, de la new wave ou des débuts de la house music. La mode relevait davantage d’un statut culturel plutôt que de vouloir paraître riche. J’adore ça!

6. Quel conseil donnerais-tu à une personne qui veut se lancer dans l’industrie?

L’industrie a énormément changé, surtout depuis la pandémie. On a pu voir un virage vers la personnalité et la célébrité. Je suis entrée dans le milieu de la mode par l’entremise de la musique, ce qui n’est pas un parcours traditionnel. Je crois que le meilleur conseil que je puisse donner est d’avoir une vision très claire de ce que vous voulez dire et un apport au marché qui n’existe pas encore!

7. Si tu pouvais choisir une chanson thème, quelle serait-elle?

Living My Life de Grace Jones

8. Avais-tu des peurs face à ta transition? Si oui, quelles étaient-elles?

La capacité de passer pour une femme cisgenre était une question de vie ou de mort. J’ai fait ma transition à une époque sans visibilité transgenre. Vous viviez complètement dans l’obscurité ou la nuit, à moins que vous ne puissiez passer pour une personne cis, ce qui entraînait une tout autre série de préoccupations. Ce n’est pas un chemin facile, même aujourd’hui. Les jeunes d’aujourd’hui ont le choix d’être non binaires, ce que je trouve formidable parce qu’il y a moins de pression à devoir s’adapter aux idéaux étroits de la société en matière de genre.

9. Quelle est la meilleure partie de ton travail? Et la pire?

La meilleure partie est de vivre de mon art et de pouvoir partager toutes les choses que j’aime, de la musique à l’art en passant par la mode. Ça me donne l’impression de contribuer à la culture. La pire chose, c’était d’être pauvre à New York et d’essayer de faire les choses que je suis en mesure de faire aujourd’hui.

10.  À quoi ressemble une journée normale dans le vie de Honey Dijon?

Ça varie de jour en jour. Aucune journée n’est identique à la précédente. Cependant, je commence toujours la journée par faire de l’exercice et j’enchaîne généralement avec des réunions ou en travaillant sur des projets comme ma ligne de vêtements HONEYFUCKINGDIJON.

11. Quelle est ta couleur préférée?

J’ai envie de répondre noir, mais j’oscille entre le rose, le vert et le bordeaux! Bref, j’ai beaucoup de couleurs préférées!

12.  Une fois arrivée à New York, as-tu eu l’impression d’y trouver ta tribu?

Et bien, j’avais la chance d’être amie avec le DJ Gant Johnson.  Il a joué un rôle essentiel dans mon initiation à la crème du nightlife new-yorkais. C’est même lui qui m’a donné le nom de Honey Dijon. Je dois tellement à Gant. Il a été un catalyseur de ce que ma vie allait devenir.

13. De quoi es-tu la plus fière?

De ma survie. En tant que femme trans noire, d’avoir survécu à NYC à l’époque où j’y étais est remarquable. J’en suis reconnaissante chaque jour.

14. Que rêves-tu de faire une fois la pandémie terminée que tu ne peux pas faire maintenant?

De coucher avec des étrangers mdr!

15. Nous vivons une espèce de révolution trans, mais nous nous battons quand même tous les jours pour notre vie, en particulier les femmes transgenres de couleur. Tu souhaites en parler? La situation changera-t-elle un jour?

Que doivent faire nos allié. e. s? J’espère que oui, mais tant que les personnes cisgenres ne démantèleront pas leurs systèmes de croyances archaïques en matière de genre, je pense malheureusement que les cycles de violence continueront. Ce n’est pas aux femmes transgenres de les amener à nous comprendre et à nous accepter. Il leur incombe de se regarder eux-mêmes et de démanteler leurs propres systèmes de croyances sur le genre. Débarrassez-vous aussi de cette putain d’Église! Cette merde doit disparaître!

Amitiés,
Honey Dijon

Photo: Manu + Pascal

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